dimanche 13 septembre 2009

épisode 4: un peu de dissertation !!!

et un deuxième article dans la même nuit, et un !!

Sur un certain forum, je suis tombé sur un topic nous demandant de donner selon nous la définition de ce qu'est censé être un bon film. Question infiniment épineuse qui m'a lancé, en mode dissert' sur l'un de mes sujets préférés, le cinéma. Pour une fois, cela va faire un article un peu plus long et développé que les autres et je m'excuse déjà auprès de ceux qui n'auraient pas le courage de me lire jusqu'au bout. Tant pis pour ceux là, j'écris uniquement parce que les bonnes vieilles dissertations de philo de la prépa (et d'avant le bac) me manquent.

Pour reprendre plus précisément "l'énoncé", la réponse pouvait se baser sur des critères principaux tels que la durée du film, son rythme, son casting, son genre, son côté réaliste...


Commençons par le début, ce que l'on remarque en premier dans la description d'un film: sa durée. Même si ce n'est que pour des arguments totalement indépendants du cinéma ("ah non, 2h30 c'est trop long, je vais rater mon train...")
Il n'y a pas de durée optimale pour un film. Pas plus que de rythme particulier. A ce niveau là, la seule contrainte est de ne pas s'ennuyer. Il y a des films très courts géniaux et d'autres beaucoup plus longs tout aussi géniaux ! Et même certains que l'on pourrait qualifier de lents peuvent être supérieurs à des films au rythme haletant qui s'avèrent finalement vides.

Par exemple, au hasard, l'un de mes films favoris, le Seigneur des Anneaux. En tenant compte de l'unité dudit film, on arrive à quelque chose excédant dix heures de film. Pourtant, si certaines scènes paraissent lentes, elles sont toujours d'une esthétique irréprochable (voire à couper le souffle). Tout le film forme un tout qui se déroule à un rythme différent selon les passages. Passer de l'attaque du Gouffre de Helm à Sam et Frodon baguenaudant près du Mordor se fait malgré cela sans heurt. Et le film de continuer à avancer sans tourner en rond.

Arwen à Fondcombe, dans une scène lente presque inutile mais pourtant magnifique (sorry Hareng)

Il en va de même pour la majorité des films de John Carpenter. Sans les mettre sur un plan d'égalité, ces films ont eux, une durée beaucoup plus courte mais cela convient parfaitement au format des histoires racontées qui tourneraient à vide pour de plus longs métrages.


Un autre élément capital est ce que l'on peut retenir du film. Il faut qu'il en reste quelque chose après l'avoir vu et il faut que l'on vibre vraiment en le regardant, que ce soit à cause de la musique, du jeu des acteurs, de la beauté d'un paysage ou tout simplement du sublime d'une situation. Mais ce genre de description ne sied pas vraiment aux comédies qui ne sauraient jamais générer des émotions profondes (justement, elles ont le but inverse, faire rire le public avec des sujets plus légers ou traités de manière décalée).

C'est d'ailleurs pour cela que je n'arrive pas à classer parmi les meilleurs films de l'histoire du cinéma des films uniquement comiques. Alors qu'une dose d'humour est pourtant le plus souvent recommandée.


Quant aux autres aspects cités par l'initiateur du topic, comme la présence d'acteurs connus ou le côté réaliste, je ne crois pas qu'il puisse y avoir de réponse claire et concise. Le fait qu'un acteur soit connu ne veut malheureusement pas toujours dire que c'est un bon acteur. Et de fait, souvent, même un excellent casting ne suffit pas à sauver des films au scénarios faibles ou à la réalisation maladroite. Pour faire un bon film, il faut un bon scénario, de bons acteurs et une bonne réalisation.

Je citerais à ce propos 60 secondes chrono qui bénéficie d'une impressionnante brochette d'acteurs tous plus connus les uns que les autres. Malheureusement le film reste dans l'ensemble assez médiocre, tant par son scénario assez convenu que par sa fin (le dénouement est prévisible).

une image de 60 secondes chrono, où, pour ne citer qu'eux sont présents Nicolas Cage et Robert Duvall

On voit la qualité d'un acteur à sa capacité à s'investir dans un rôle, à vivre son personnage et donc à pouvoir jouer presque dans tous les types de films. La réalisation du film quant à elle est un élément clef décisif, nécessaire mais non suffisant. Le côté grandiose, magnifique et bourré d'effets spéciaux, même s'ils sont remarquablement amenés ne suffit pas à faire un grand film; on passe certes un bon moment mais c'est tout.

Ainsi, au risque d'atteindre prématurément un état de schizophrénie aiguë, je pense que la nouvelle trilogie Star Wars illustre parfaitement mon propos. Les images sont magnifiques, d'une beauté à toute épreuve et la réalisation assez correcte (c'est Mr Lucas et non Irvin Kerschner comme pour l'Empire Contre-attaque). Cela étant dit, ces films ne parviennent pas au genou de leurs illustres prédecesseurs. L'histoire est trop creuse et conventionnelle et le jeu des acteurs, notamment lors des scènes d'amour pathétiques, laisse à désirer.


Passons au réalisme maintenant. Nombres de films que je qualifie d'excellents sont par essence même totalement non réalistes. Tous les films d'anticipations ou traitant du fantastique rentrent bien entendu dans cette catégorie et cela ne les empêche pas d'être des documents de haute qualité. En revanche, le problème est différent lorsque des films reprennent à leur compte des éléments historiques vérifiés pour s'en détourner complètement et réécrire l'Histoire à leur manière.

Pour ma part, je pense que le réalisme plus important est un réalisme interne, propre au film. Si l'on s'arrête à l'histoire du film et que l'on ne rentre pas dedans, cela gâche la vision que l'on a de l'œuvre. Si le scénario est suffisamment cohérent en lui même sans pour autant se raccrocher à l'Histoire, le film peut s'avérer un bon film. La cohérence de l'histoire est donc moins importante que la cohérence interne du film.

Un petit exemple dans le cinéma récent. Maître Tarantino, avec Inglorious Basterds, nous propose une vision très personnelle de la fin de la seconde guerre mondiale. Outre un scénario assez bien ficelé, des acteurs très bons (avec une mention particulière pour le "colonel SS hans Landda"), le film repose surtout sur sa mise en scène, très travaillée comme seul Tarantino sait le faire. La mort d'hitler, assassiné en France avec tous ses officiers généraux n'est pas, en elle même, gênante. Il n'y a évidemment aucune cohérence historique mais l'événement est bienb amené par le reste du film. En revanche, ce qui est plus choquant est l'absence quasi totale de garde rapprochés à l'intérieur du cinéma où a lieu l'attentat. Le Führer (même celui du film) n'étais pas homme à se déplacer sans une garde très renforcée. Ainsi, si ce film pêche, ce n'est pas à cause d'une incohérence historique mais plutôt d'une (très légère) incohérence interne.

Christoph Waltz, qui fait merveille dans Inglorious Basterds.

Pour finir, je vais m'attarder sur le dernier élément clef dans la recette d'un bon film: il s'agit bien entendu de sa bande originale. Comme les images, la musique doit être jouée et dirigée. Il s'avère parfois que la musique choisit détonne avec le contenu du film au point que cela puisse déranger. Mais dans la plupart des cas, lorsque la musique est composée directement pour le film, elle s'accorde bien avec les scènes. Je pense qu'une bonne bande originale doit se détacher du film. Une musique de film que l'on ne reconnait pas (ou que l'on a du mal à situer) hors de son contexte reste , au mieux, correcte. Le rôle de la musique est de sublimer une scène de telle sorte qu'elle reste gravée en nous, tout en exacerbant les émotions. Il faut évidemment éviter de tomber dans le piège de certains blockbusters dont la musique nous tire des larmes dans le seul but de compenser une faiblesse visuelle.


Je pense qu'au final il n'y a pas de recette miracle pour faire un bon film. Et surtout pas la technique des "happy end". Un bon film ne doit pas être trop prévisible, il ne doit jamais être acquis que le héros va se sortir sans broncher de toutes les situations. Par la même occasion, ressusciter un personnage pour éviter de la peine au public rendra le film plus léger, peut être plus divertissant et accessible à tous mais en aucun cas meilleur !



ahh, ça fait du bien d'argumenter de temps à autre.
Si vous lisez cela, soit vous avez tout lu (bravo et merci), soit vous avez sauté directement à la fin (sales tricheurs !).
Quoi qu'il en soit, je vous invite aussi à me donner votre avis (voire à démonter tout ce que je viens d'écrire), et à me pardonner pour les fautes (il y a trop à relire pour ce soir).

3 commentaires:

  1. et en plus, histoire de le recycler cet article, j'en ai fait un devoir d'anglais !!
    merci Tarantino et Lucas !

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  2. La partie musicale de ton article me deplait.
    Une bonne musique de film est celle qui, lorsque tu l)ntend te rappelle une scene ou definit un film.

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