samedi 28 juillet 2018

épisode 114 : Une petite tranche de Soylent?

Un blog c'est un peu comme un cahier, avec des croquis, des idées griffonnées à droite ou gauche, et de temps à autre un bout de texte complet qu'on veut montrer. J'avais laissé en plan pas mal d'articles dans la section brouillon : des choses qui vont d'articles à demi écrits, à de simples idées, posées là, en me disant que j'écrirai l'article idoine plus tard. Bon, depuis 10 ans, les idées je les ai oubliées, mais il reste quelques petits bouts de textes. Du coup, je fais du cadavre exquis avec moi même... très conceptuel tout ça... Le début de ce qui suit a été écrit pour l'épisode 100. Et la suite est toute fraîche, sachant que je n'ai strictement aucune idée de la direction que je voulais emprunter...



La sueur coulait sur le front crasseux de l'homme. Jadis roux et courts, ses cheveux tombaient maintenant sur ses épaules, noyés dans la poussière et la saleté. Une barbe rousse et hirsute lui mangeait le visage, dissimulant à grand peine la cicatrice qui courait de son orbite gauche à son menton, fendant sa bouche en un rictus figé et presque ironique. Vestiges de son armure et de sa cape, ses hardes le mettaient au ban de la société dans chacune des villes qu'il avait traversées sur le trajet du retour. Seule son épée, dissimulée dans un fourreau rafistolé, gardait un peu de la superbe qui l'animait quand il avait quitté son foyer pour partir sur les routes, il y avait huit années de cela.
Il en avait tant vu en huit ans que plusieurs vies entières lui semblaient s'être écoulées. Mais il se rappelait vaguement, il avait quitté son pays... impossible de se souvenir d'un nom, d'ailleurs même le sien avait déserté sa mémoire depuis longtemps. La solitude, le dénuement, les épreuves qu'il avait traversées, les créatures horribles qu'il avait fuies ou vaincues... Tout ceci dans un seul but. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître... Il n'avait plus en tête que ce leitmotiv. Et depuis que la lourde chaîne en bronze, soutenant le fameux talisman, mordait les chairs de son cou, sa rengaine ne le poussait plus seulement en avant, mais elle le maintenait en vie, effaçant sa fatigue, muselant sa faim, guidant ses pas sur le trajet de retour. Vers le dénouement de sa quête. Vers sa cité, et vers le palais du Maître.


Son entrée dans les faubourgs s'était quasiment faite sans encombre. La population semblait encore plus raser les murs que lorsqu'il était parti et les troupes du maître patrouillaient, toujours omniprésentes, mais la tradition de la garde de la porte sud était toujours au laxisme. Et un vagabond, sale, puant et l'air illuminé était rarement considéré comme une menace pour la sécurité de l'état. Ses pas l'avaient mené machinalement vers la Place aux Ours, et son tableau d'affichage public, véritable état des lieux de la vie dans la cité. Il avait failli ne pas reconnaître le lieu: les chênes millénaires sculptés qui donnaient son nom à la place n'ombrageaient plus les pavés irréguliers. Ils avaient cédé la place à un gibet où se balançaient doucement plusieurs cadavres, certains morts depuis plusieurs jours. Le panneau d'affichage, quant à lui n'avait pas bougé, mais présentait maintenant uniquement des tracts à la gloire du Maître ou des avis de recherche contre divers traîtres, terroristes, ou tout opposant au Maître. Toutefois la répression avait dû gagner en efficacité vu le nombre limité de primes. D'ailleurs, en soulevant un parchemin vantant l'honnêteté et la bonté de la justice du Maître, l'homme resta figé devant une représentation naïve d'un groupe de jeunes gens affublés d'une prime de 180 couronnes. Les affiches placardées au dessus avaient empêché l'illustration de complètement disparaître, mais le texte et notamment les noms avaient été effacés par le soleil.
La voix lancinante qui guidait ses pas depuis des années et la tension de la chaîne du talisman autour de son cou semblèrent soudain passer à l'arrière plan, tandis que l'homme sentit des larmes tracer des sillons dans la crasse recouvrant son visage. Ses quatre amis étaient morts depuis longtemps, tombés les uns après les autres, les revoir ainsi, même sous un trait si grossier l'avait bouleversé. Et là, au centre de l'illustration, cheveux roux et visage étrangement juvénile, c'était lui, à côté de Myra! Myra... Il ne retrouvait pas les noms des autres, mais comment avait-il pu oublier celui de Myra? De vagues sensations, des images de joie passée lui revinrent. Les détails et le reste de son passé continuaient pourtant à lui échapper, occultés par sa rengaine incessante, maintenant renforcée par un renouveau de haine envers le maître. Un coup de hampe dans les côtes le fit sortir de ses pensées en sursaut.

*

lundi 23 juillet 2018

épisode 113 : Ntelfix en vrac

Ceci n'est pas qu'une infâme publicité pour un site de streaming légal, dont le nom en lettres rouges commence par N. Mais ça fait globalement un an que j'ai souscrit un abonnement, et j'ai regardé ou découvert plein de trucs, plus ou moins bien. Et en suivant les sorties très régulières d'articles critiques que la majorité de mon lectorat publie comme des "vracs", je me suis dit que j'allais faire de même. En éditant l'historique, j'ai regardé tout pile 1138 épisodes/films/contenus vidéos sur cette plateforme. 

Encore une perche tendue pour parler de Star Wars ?

Alors, place au bilan, non exhaustif, parce que bon, le but c'est quand même que vous restiez jusqu'à la fin de l'article... Et je ne vais causer que des œuvres que j'ai découvertes cette année.

Speed Racer : c'est très beau, excessivement flashy, et avec un fond plus profond qu'il n'y paraît au premier abord. Le scénario n'est pas forcément le truc le plus original filmé par les Wachowskis mais ça fonctionne bien et offre des belles scènes de course.

Marvel's Iron Fist, Jessica Jones, Luke Cage, Daredevil, Defenders et Punisher : alors, la première saison de Jessica Jones est vraiment très bien (parce que David Tennant en meilleur super méchant depuis des lustres), Daredevil est assez sympa aussi, les 2 saisons de Luke  Cage (la série afro américaine de Marvel) offrent une ambiance sympa mais un scénario plus que poussif, et le reste des séries a très peu d'intérêt. Et puis Iron Fist, c'est pas totalement mauvais, mais presque... 

Il est de retour : ça c'est le film dont on se demande ce qu'il fait là. C'est un film allemand qui part du principe qu'Hitler ne meurt pas dans son bunker mais se retrouve téléporté à notre époque, au même endroit. À aucun moment il ne se cache ou dissimule son identité, et il finit star de la télé avec une influence grandissante parce que les gens le prennent pour un acteur provocateur et subversif. Plein de bons questionnements sur notre société actuelle.

Er ist wieder da! Allez le voir!

Les Goonies : bon, ok, je l'avais déjà vu, c'est juste l'occasion d'une critique sur la plateforme : le catalogue augmente mais certains films disparaissent sans crier gare... Et c'est très frustrant, en payant un service, de se croire posséder le film, comme on posséderait un DVD, puis de voir que le mois d'après il a disparu furtivement....

Breaking Bad : une excellente série, vu le temps depuis lequel elle est sortie, et vu la quantité de produits dérivés, je ne perdrai pas de temps à parler du pitch. La série est bien réaliste, Bryan Cranston est vraiment très bon, à la fois en père de famille et en fabriquant de drogue. La série prend bien aux tripes, ce qui est aussi peut être sa faiblesse: la descente de Walter White est telle qu'au final on est presque content que la série soit finie pour pouvoir passer à un truc plus léger. 

Bright : Will Smith dans un film noir qui prend place dans un univers à la Shadowrun mais sans les droits d'adaptation. Au final, on est devant une enquête de police paranormale qui ne va pas révolutionner le cinéma mais qui reste un divertissement sympa. La ségrégation contre les orcs sert à critiquer le racisme dans notre société, cela dit on ne peut pas dire que cela soit fait de façon subtile, plutôt au tracto-pelle. Reste que l'univers est sympathique. Un film entièrement Netflix, avec aucune autre diffusion.

Le trailer de la suite : "si des gens jouent à Shadowrun..."

New girl : une sitcom à la Friends, sympathique, on y évite les rires pré enregistrés. Pas forcément novateur, mais bon, y a Zooey Deschanel. Voilà, pas grand chose à dire de plus.

Stranger Things : la série qui se vante d'être un concentré de nostalgie des années 80. Et en effet, on a l'impression de voir la bande de gamins des Goonies ou de E.T.. Au delà de l'exercice de nostalgie, la série est vraiment très bien, un peu lente peut être, mais c'est dans son ADN, souvenez-vous, avant les films se permettaient de la mise en place et tout n'explosait pas dès les premières minutes. D'habitude je n'aime pas trop les personnages joués par des enfants, mais là aucun souci. Je préfère la saison 1, même si Sam-Mikey Gamegie joue dans la seconde.

The end of the F***ing world : une mini série vraiment décalée, assez dérangeante mais très très bien; à ne simplement pas regarder quand on recherche un truc joyeux; parce que bon, c'est de l'humour noir, certes, mais quand même très très noir. Les deux personnages principaux parlent sous forme de voix off et donnent le ton très vite : James nous explique qu'il pense être un psychopathe, et qu'à neuf ans il a plongé la main dans un friteuse pour ressentir quelque chose, et qu'il est en quête d'un humain à tuer pour changer des animaux... Mais ça se regarde d'un coup, les épisodes sont courts, on en redemanderait !

Van Helsing (la série) : enfin la série.... Juste l'épisode 1... Parce que le scénario était tellement naze, le jeu des acteurs, les décors et la photographie criaient tellement le navet que je n'ai pas réussi à aller au delà. Ah oui, juste un truc, "Van Helsing", niveau ambiance je m'attendais pas à du contemporain avec des mitraillettes et des zombies... 

Black Lightning : à part le concept de la famille entière qui a des supers pouvoirs, rien de bien novateur ni fondamentalement de très intéressant. La série afro américaine de DC. Vous avez sûrement du temps pour aller regarder autre chose.

Altered Carbon : une série de SF avec du budget et de l'ambition. Le concept principal est que l'on peut télécharger son esprit de corps en corps et ainsi éviter la mort de son enveloppe physique. La série prends la forme d'une enquête avec un côté film noir, et en creusant plus ou moins ses sujets aborde des thèmes commela religion,  l'intelligence artificielle.... Certains épisodes sont un peu confus, mais globalement une bonne série, vous pouvez y aller.

Dirk Gently : YES ! BEST SÉRIE EVER ! Bon, c'est peut être l'enthousiasme post visionnage, mais pour que je regarde une série deux fois d'affilée... Totalement ma came! Deux saisons, deux histoires quasiment séparées, deux univers totalement déjantés, qu'on ne comprend qu'après plusieurs épisodes. Tous les personnages sont très bons, barrés mais très bons. Et Elijah Wood a sûrement gardé la babiole de Sauron parce qu'il ne prend pas une ride !

Orange is the New Black : ça c'est la bonne surprise alors que j'y allais sans grande conviction. Je ne sais pas quel est le degré de réalisme de la description de la vie dans une prison de basse sécurité, mais on rentre très vite dans l'ambiance. On pourrait arguer qu'on tombe dans certains clichés mais tout est plutôt bien écrit. Les personnages venant des diverses couches de la société et de diverses origines, on peut alors développer plein d'intrigues différentes, notamment grâce à des flashbacks, puis voir comment toutes ces femmes apprennent à vivre ensemble. Bon, certains épisodes semblent un peu inutiles quand ils parlent d'un personnage qui ne nous a pas fait vibrer. La saison 6 arrive bientôt, vous avez juste le temps de (re)regarder les cinq premières.

The Musketeers : une série en costumes, vaguement inspirée de l'oeuvre de Dumas. Les scenarii ne sont pas forcément fous mais l'ambiance est vraiment très sympa, légère tout en se permettant des épisodes plus sombres. J'y ai retrouvé un peu de l'esprit que j'aime dans la série Zorro de Disney. Bon, après, les décors ne sont pas très fidèles... Prague, ce n'est pas Paris. Mais on passe à chaque fois un bon moment. Et puis le rôle du cardinal de Richelieu va si bien à ce bon docteur Capaldi.

Le thème principal, on sent bien la patte de Murray Gold, compositeur attitré des saisons modernes de Doctor Who.

Snowpiercer : un excellent film post apo qui prend aux tripes dès le début. Toute l'humanité survivante est dans un train qui ne s'arrête jamais. La façon de filmer au début montre bien le côté exigu du train, et très pesant, très sombre (des plans ont un angle qui montrent bien que les personnages sont entassés les uns sur les autres) avant de s'ouvrir vers l'extérieur grâce à la vue par les fenêtres. Même s'il ne s'agit que d'une illusion de liberté, car tout ne reste qu'un grand huis clos.
Un mot de la très grande violence du film. Sans être forcément très gore, le film est très violent, par certains certaines scènes de combat, mais surtout par des scènes plus psychologiques, comme la “ punition” en exposant au froid le bras d'un homme ou le récit du héros sur les premiers jours dans le train, qui lui ont appris le goût de la chair humaine, avec une prédilection pour la viande plus goûteuse des bébés…
Une question de cohérence m'a taraudé pendant tout le film: pourquoi s'encombrer des derniers wagons? La réponse vient sur la fin. Reste la question suivante: pourquoi ne jamais s'arrêter? Pourquoi ne jamais aller explorer? Nous dirons que la Machine qui fait avancer le train et maintient tout le bouzin à bonne température en fournissant une énergie illimitée ne doit pas s'arrêter…
Au final, un film post apo, mais il pourrait s'agir d'une dystopie sans même avoir le côté post apocalyptique. La planète se résume quasiment au train, et cela pourrait presque n'être qu'un prétexte, pour mettre en scène ce genre de conflit de caste.

Frontier : Jason Momoa, des jolis costumes mais un budget et des décors qui semblent tout de même limités et un scénario un peu confus. Pas grand chose à ajouter. Si ce n'est que vous êtes fans de Ronon Dex ou de Khal Drogo, allez plutôt mater Star Wars the Clone Wars avant la reprise de la série.

La Casa de Papel : un très bon concept pour une série qu'il fallait que je regarde pour pas paraître vieux jeu. L'occasion d'une autre critique sur le fonctionnement de Netflix qui annonce cette série comme une "série originale Netflix" alors que non ! Ils l'ont achetée et en sont les diffuseurs exclusifs hors d'Espagne, mais pas les créateurs ! Et la progression est lente , rythmée d'épisodes un peu grotesques: les personnages se mettent à faire n'importe quoi, ce qui crée l'intrigue, mais en fait, le plan est tellement parfait que c'était prévu! Et au bout de 4 comportements débiles, mais prévus, on se demande juste pourquoi avoir recruté ces abrutis si on avait prévu qu'ils allaient faire de la merde toutes les deux heures... Au final, il y a quand même de beaux moments de bravoure qui en font une bonne série !

Bellaciao, popularisé par la Casa de Papel. Un chant de partisans ITALIEN, bien trop repris par des chanteurs (hum) français...

mardi 17 juillet 2018

épisode 112 : Addendum multimédiartistique

L'autre jour je parlais des modifications qu'un réalisateur ou un dessinateur pouvait effectuer sur son œuvre, une fois celle-ci déjà publiée, diffusée, mise à disposition d'une communauté qui peut déjà se l'être appropriée. Il semblerait bien qu'on ne peut pas impunément toucher à une oeuvre d'art, même si l'on en est le créateur. 

Mais pour autant, ça ne semble pas affecter toutes les "sortes" d'art. Oui, d'après notre encyclopédie en ligne préférée, on retrouve, avec les qualificatifs idoines (premier art, deuxième art...) et plus ou moins dans l'ordre : architecture, sculpture, peinture et dessin, musique, littérature (au sens large), scène (pareil, ça ratisse large), cinéma (le 7ème), puis les "arts médiatiques", la bande dessinée (le 9ème) et enfin le jeu vidéo.

Tiens, justement, comme je suis en train de me balader sur Hyrule pour la première fois, c'est justement le jeu vidéo qui m'intéresse pour commencer cet article.




C'est plutôt joli hein, Breath of the Wild ?


"Pour sûr qu'c'est artistique" le jeu vidéo. Mais contrairement à nombre d'arts précités, ici l'oeuvre n'est pas aussi figée que dans le cinéma ou la sculpture par exemple. Personne ne se plaint d'une mise à jour faite correctement, même s'il ne s'agit que d'un upgrade graphique. Vous vous imaginez la Joconde mise à jour pour avoir une texture de peau en 4K? MaJ, Patches, DLCs, Extensions... un même titre va pouvoir offrir une expérience totalement différente à chaque joueur (sans parler du ressenti subjectif de chacun bien sûr), et même une expérience qui va évoluer au fur à mesure de la vie du jeu.

Il y a d'autres formes d'art qui offrent un peu ce genre d'"expérience"; comme le théâtre par exemple. D'une représentation à l'autre, selon la salle, la logistique, la fatigue des acteurs... et bien sûr d'un metteur en scène à un autre, l'expérience change pour le spectateur. La substantifique moelle reste la même mais le côté cosmétique évolue sans cesse. D'ailleurs on voit même des représentations de théâtre classique adaptés dans un décor et avec des costumes modernes. Pour autant personne n'a jamais essayé de remettre au goût du jour les costumes sur un tableau ou dans un film (en 4K, et en survêt' la Mona Lisa). Parce que à part un nettoyage de l'image pour s'adapter à la haute résolution, le moindre changement visuel dans un film déclenchera des levers de bouclier (ou des conneries de la part des rageux de l'épisode 109). Pauvre George qui voulait déployer un patch graphique pour virer certains bugs...


Alors pourquoi le jeu vidéo ne subit-il pas les critiques de puristes qui voudraient continuer à jouer en 400x600 aux vieux jeux qui ressortent en HD, ou qui refuseraient tout patch pour éviter un bug graphique ou scénaristique ? Oui, je vous en pose de ces questions... J'avais ça en tête l'autre jour en écrivant sur Don Rosa et George Lucas. Mais d'ailleurs, ça soulevait aussi le problème des traductions diverses.

Don Rosa avait modifié la version française de ses histoires pour y réintroduire dans certains cas la vraie traduction quand certains traducteurs avaient adapté voire carrément modifié son texte au profit d'une version qu'ils préféraient. Évacuons immédiatement les mauvaises traductions de Star Wars : je n'en parlerai pas plus parce que les exemples/articles/top10 pullulent sur la toile. Il convient néanmoins de noter que notre cher George n'a pas modifié les noms existant dans la VF alors que la trilogie classique a été traduite au bulldozer...


Au bulldozer, on vous dit, ma p'tite dame !
Puisqu'on vous dit que C-3PO ça s'prononce "sispéo" !



L'exemple que j'ai en tête immédiatement en terme de (re)traduction, c'est l'oeuvre de Tolkien. A commencer par le Hobbit, le premier à être ressorti en 2012 avec la nouvelle traduction de Daniel Lauzon. Je n'ai pas lu l'intégralité du bouquin retraduit, et le but n'est pas ici de critiquer son travail (ça vous rappelle quelque chose) : c'est un professionnel qui, à n'en pas douter, a fait son travail du mieux possible, et de façon "plus moderne et légère", en s'évertuant "à appliquer les consignes de traduction laissées par J.R.R. Tolkien dans le texte qu'il a adressé aux traducteurs" comme nous explique le site Tolkiendil

La communauté des lecteurs de Tolkien semble adopter un point de vue différent des fans de Star Wars. Comme on peut l'entendre ou le lire lors de l'interview de l'auteur, le but de refaire une traduction (au moins du point de vue du traducteur et des lecteurs) était de moderniser le texte, et de le rendre plus proche du texte original, de la volonté de Tolkien. Parfois même de surprendre le lecteur en s'approchant du sens profond quand la traduction des années 70 avait pu faire des concessions; et retranscrire aussi l'idée que le Hobbit est à la base une oeuvre pour enfants. Pour les détails sur les termes qui ont été modifiés par rapport à l'ancienne traduction, et donc par rapport à la version française des films de Peter Jackson, je vous laisse lire l'interview en entier. 


Il est indéniable que le traducteur a fait un réel travail poussé, motivé par le respect de l'oeuvre, et pour fournir au lecteur un texte plus agréable, au plus proche de l'anglais.  Mais dans ce cas-là, les sites de fans ne semblent pas crier à l'hérésie ou au calcul financier. Elle a l'air bien cette communauté là ! J'ajouterai juste à cette débauche de motivation légitime, celle de l'éditeur. Éditeur qui risquait de perdre l'exclusivité des nouveaux textes et qui ne s'est pas privé de mettre bien en avant "sa" nouvelle traduction, plus fidèle à l'oeuvre de Tolkien. Ecoutez ... Ah non, il ne me semble pas entendre de foule en colère... Décidément, elle est cool cette communauté. Une fois de plus, une question : pourquoi certains choix, faits avec les mêmes motivations, avec au final des résultats que l'on peut qualifier d'équivalents, ne sont pas du tout perçus par les lecteurs/spectateurs/clients de la même manière ? 

De la même manière, toujours avec le même univers, quand Peter Jackson sort les versions longues de ces films (je parle du Seigneur des Anneaux, la faiblesse du Hobbit cinématographique, version longue ou courte est un autre problème qui ne sied pas à cet article), on rachète, s'extasie, sans le vouer aux gémonies. Les versions longues et autres director's cut tant qu'elles n'ont pas derrière elles une communauté fanatisée semblent plutôt bien acceptées (et ne me dites pas que c'est parce que George en a trop fait, sinon, va falloir qu'on cause des 7 ou 8 versions de Blade Runner...).

Je vous laisse avec toutes ces questions sans réponses... et je m'en retourne faire un petit tour sur Hyrule, avant de passer à Nilfgaard, mais ceci est une autre histoire...

mardi 10 juillet 2018

épisode 111 : L'article 13

L'été, les beaux jours, les vacances, la coupe du monde (du curling, j'ai cru entendre ? non, c'est pas ça ?)... Le bon moment pour les instances dirigeantes pour prendre des décisions qui pourraient s'avérer controversées. Tout le monde est occupé, les médias généralistes ont tous le nez dans le prochain match de pétanque (toujours pas ?), et il devient difficile de trouver de l'information, même sur le net.

Mais au tout début juillet, je suis tombé sur le projet européen d'encadrement du droit d'auteur; et son gentil article 13. Merci au SadPanda (allez le voir, il a la meilleure émission de vulgarisation française avec ses tutoriels), c'est en regardant l'un de ses PandaTalkShow que j'ai découvert ça. Franchement, y a des trucs à côté desquels on ne peut pas passer même si on le veut (oui, encore une fois, la pelote basque), mais cet article 13, c'était plutôt facile.



L'article 13 a été rejeté le 5 juillet. Repoussé serait plus juste. Pour septembre 2018.

Voyons un peu ce dont il s’agit à propos de cet article 13 de la directive européenne Copyright :

D’abord, il y a la directive eCommerce de 2001: les divers hébergeurs sur le net ne sont pas responsables des contenus qu’ils hébergent, légaux ou non, à condition de ne pas les avoir ajoutés eux-mêmes, de ne pas être au courant de leur contenu (vu la masse de données, aucun hébergeur n’est réellement au courant de tout ce qu’il propose) et de réagir rapidement quand on lui signale un contenu illicite. Oui, c’est assez flou, et ça permet à nos sites préférés de DDL de continuer à fonctionner (Herr Dotcom, il fallait éviter de se gaver de pognon illégal sans même faire semblant de retirer les fichiers piratés de MegaUpload); mais ça permet aussi à tout un chacun, dont moi par exemple, de publier ce genre de blog.

Et ça dure depuis le début des années 2000, Google, Facebook et toutes les entreprises du secteur ne regardent pas trop ce qu’on y poste, à condition que cela ne semble pas clairement piraté ni trop mauvais pour leur image. Mais au fur et à mesure, ils finissent quand même par censurer de plus en plus, de façon plus ou moins discrète.

En 2016, l’Europe a commencé à mettre sur pied un texte pour responsabiliser les gros hébergeurs; qui devraient passer des accords avec tous les ayants droits qu’ils diffuseraient pour leur reverser des revenus, ou alors complètement bannir tous les contenus impliquant ces ayants droits. Et en plus, cela pourrait se faire de façon automatisée… Si je ne suis pas forcément opposé à l'idée de mettre un peu de responsabilité sur les géants du net, sur la forme, les premiers à en pâtir, ce ne seraient clairement pas eux.

Imaginez un peu: sur ce blog, il est rare de ne pas trouver un article sans une illustration, ou une vidéo Youtube. Je n’ai évidemment aucun droit de les publier… Mais pensez plutôt aux vrais créateurs, sur le net, qui font des parodies, des reviews, des let’s play, des fan-arts…. Pouf, censurés ! Exit les critiques de films avec une quelconque image, même un extrait de la bande annonce, exit les fan-films… On regardera quoi sur Youtube ? D’ailleurs, est-ce qu’il y aura encore des contenus originaux, qualitatifs et indépendants ? On devrait se rabattre sur la télé ? (ou sur les chaînes faussement indépendantes de Youtube qui sont en fait financées par la télé…). Mais pour Youtube, si la télé finance, ils s'en foutent, nous non.

Et oui, les gifs, mèmes et autres détournements en tous genre ne pourraient plus être hébergés ou diffusés. Ça vous semble ridicule ? Mais est-ce vraiment différent de ponctuer une conversation par une référence à un film, en citant un personnage ??




Surtout que vu la tonne de contenu, on serait face à un algorithme, qui aura du mal à détecter le second degré, la parodie, un fan art du vrai visuel sous copyright… L’article 13 proposerait donc un arrêt total de toute création indépendante sur le net… Merci… Peut-être que je noircis un peu le tableau, peut-être…

Voici un petit communiqué en date du 4 juillet 2018 émis par Wikipédia France (l'impact a été moindre en France que dans d'autres pays européens où Wikipédia a simplement été mis hors ligne pendant la journée) :

Chère lectrice, cher lecteur, Le 5 juillet 2018 à 11 h (HAEC, 5 h HAE), le Parlement européen décidera s'il convient d'accélérer l'adoption de la Directive sur le droit d'auteur. Si cette directive est promulguée, elle limitera considérablement la liberté d'Internet. Plutôt que de mettre à jour les lois sur le droit d'auteur en Europe et de promouvoir ainsi la participation de tous dans la société de l'information, cette directive menace la liberté des internautes et instaure des barrières à l'accès au Net en imposant de nouveaux obstacles, de nouveaux filtres et des restrictions. Si la proposition est approuvée, il sera peut-être impossible de partager un article de journal sur les réseaux sociaux ou de le trouver sur un moteur de recherche. Wikipedia elle-même risquerait de fermer.

La proposition a déjà rencontré la forte désapprobation de plus de 70 informaticiens de renom, dont le créateur du Web, Tim Berners-Lee, de 169 professeurs universitaires, de 145 organismes œuvrant dans les domaines des droits de l'homme, de la liberté de la presse, de la recherche scientifique et de l'industrie informatique et, enfin, de la Wikimedia Foundation.


Nous voulons continuer à offrir une encyclopédie libre, ouverte et collaborative avec du contenu vérifiable. Nous demandons donc à tous les membres du Parlement européen de rejeter le texte actuel de la directive et d'ouvrir à nouveau la discussion, en tenant compte des nombreuses propositions des chapitres Wikimedia, à partir de l'abolition des articles 11 et 13, à l'extension de la liberté de panorama à l'ensemble des pays de l'Union européenne et à la protection des œuvres dans le domaine public.


https://meta.wikimedia.org/wiki/SaveYourInternet


La communauté française de Wikipédia et la fondation de Wikimedia



Mes informations viennent de la Quadrature du net, de Wiki, de journaux comme Marianne (avec le point de vue opposé : "Oh mon dieu les GAFAM ont torpillé une gentille loi contre le piratage en la repoussant aux calendes grecques, les vilains...", dans un article qui pointe la théorie du complot de Google et consorts...) ou même Libération à qui je laisse le soin de conclure :

En résumé: la directive n’est pas encore passée devant le Parlement européen et peut encore évoluer (elle l’a déjà fait en Commission). Mais dans l’état actuel des choses, l’article 13 du texte est susceptible de rendre compliqué le partage public de mèmes et de GIF qui ne respectent le droit d’auteur (sur Facebook et Twitter par exemple). Si tous les Etats membres n’autorisent déjà pas le droit de citation ou le droit de parodie, il faut ajouter que, quand bien même ils l’autoriseraient, l’article 13 de la directive sur copyright dans le marché unique numérique va peut-être mener à la création d’outils automatisés potentiellement incapables de faire la différence entre violation du droit d’auteur et exception légale à ce droit. Les défenseurs du texte se veulent plus rassurants, rappelant que des outils de contestation existeront pour les internautes qui voient leurs GIF ou leurs mèmes censurés.


Oui, en pointant les gifs et mèmes, l'utilisateur se pensant "sérieux" ne se dit pas qu'il va être impacté... Enfin bon, bonnes vacances !!

lundi 9 juillet 2018

épisode 110 : Le retour du corset


"Article Magic dans la soirée ?" Challenge accepted ! Bon, ma conception de la "soirée" m'est toute personnelle...
Aujourd'hui (enfin, dimanche, tout à l'heure...), je me suis laissé entraîner par une bande de harengs dans une avant-première de la dernière édition de base de Magic The Gathering; les éditions de base qui reviennent avec ce "Core Set 2019". Bon, déjà, niveau logistique, l'association d'Orléans n'est pas évidente à trouver, mais la réactivité sur la page facebook est vraiment au top; et les gens y sont fort sympathiques et accueillants.
Une fois de plus, je me suis rendu à une AP sans avoir lu les cartes (excepté dans la demie-heure qui précède, à l'arrache dans la voiture). Voilà grossièrement ce que ça a donné pour le deck de l'AP (qui a commencé par se faire dérouiller, avant de vaguement sauver les meubles lors des dernières rondes):



Le principe était de drainer petit à petit l'adversaire, tout en se remontant petit à petit, et donc en drainant petit à petit... Mais au final, pas assez d'exemplaire des cartes ci-dessus pour que cela fonctionne de façon fiable et régulière.

 Le tout était appuyé par des petites créatures blanche sympathiques, et des zombies et squelettes  pour tenter d'occuper le board.

Sur le papier, pourquoi pas, mais dans les faits, le deck était trop faible, surtout par rapport aux autres incluant dans les mêmes couleurs les cartes ci-dessus. Et quand Ajani et Liliana sont dans le même deck, on ne parle plus vraiment d'un miroir, mais d'une rouste... ça piquait sévère... Ce qui fait qu'au final, j'ai préféré le draft qui a suivi (oui, l'occasion faisant le larron, un draft a suivi l'AP). Le choix lors du draft évite de se retrouver face à un pack scellé énorme quand le sien est très moyen. Bon, d'accord, après l'AP, je connaissais mieux les cartes, et avec le "recul", mon deck du matin était sacrément faiblard...


Pour le draft de l'après-midi, j'ai décidé de changer complètement de stratégie, et de revenir à mes premières amours : le bleu et ses éphémères !! Voilà donc la base du deck :

 De quoi déclencher plein de trucs rigolos, avec du blast en prime !

 Et voilà donc à la louche le paquet d'éphémères pour faire de la magie, tout en embêtant bien son monde. Et une petite hache de lave pour finir les parties et gagner les courses aux blessures.

Avec une base de créatures un peu agressives, évasives ou qui vident un peu le board en arrivant, pour bien rester dans le thème. Une mention au mousse qui a collé un nombre de dégâts assez impressionnant, sa capacité de partage n'étant utilisée qu'une fois ou deux, mais toujours pour enfoncer le clou.

Ça faisait un petit moment que je n'avais pas fait de journée entière à jouer comme ça (au final, depuis Dominaria, et un petit draft tranquille à la maison); c'est toujours aussi agréable, et ça me remotive pour finir de trier les monceaux de cartes entassées quelque part chez moi...

dimanche 8 juillet 2018

épisode 109 : Quand on est cons...

Je devais avoir 11 ou 12 ans, je ne me souviens pas exactement. Mais je me rappelle de la scène très précisément. Pensez-donc, ma première figurine de Star Wars ! Un Luke Skywalker, typique de la gamme Hasbro des années 90, où chaque figurine était taillée comme ActionMan... Rien qu'à voir la photo du personnage sur le blister, on se dit qu'il a sacrément pris de stéroïdes juste après le shooting photo. Bon, tout ça pour dire que c'est ça qui a déclenché réellement ma starwaromania, et la collectionnïte associée. C'est à partir de là que je suis vraiment devenu un "fan" de Star Wars. Pour moi, ce terme a eu plusieurs sens différents depuis cette époque. 

The first of many...


Etre fan de Star Wars, c'était un peu (beaucoup) geek, on collectionnait des trucs issus de livres et d'histoires que personne ne connaissait. Puis c'est devenu une évidence avec la prélogie; presque une mode. J'ai toujours été allergique à la mode; et j'avoue préférer dans ma collection les personnages issus de la trilogie classique. Maintenant, ça ne veut plus dire grand chose : il y a des fans de bien trop de morceaux différents, et qui se traitent entre eux d'hérétiques... C'est un peu comme la religion chrétienne... on part d'un truc un peu confidentiel à la base, puis on se scinde en factions fanatiques qui se tapent sur le coin de la figure en débattant si le messie a bien possédé les fringues dans lesquelles il est mort, ou si tel ou tel personnage obscur est canon ou légende selon les épisodes d'une série pour enfant dans lesquels il apparaît...

Et on devient incroyablement cons... (n'y voyez pas forcément la suite de mon parallèle religieux, enfin, faites ce que vous voulez...). J'avais déjà ça à l'esprit dans l'épisode 107, en parlant de maître Lucas, mais l'actualité continue de ressortir des conneries en tous genres...

Ahmed Best, l'interprète de Jar Jar Binks vient de réapparaître dans l'actualité. Agé d'aujourd'hui 44 ans, on ne le connaît, malheureusement pour lui, que pour son personnage dans Star Wars. Jar Jar semble d'ailleurs avoir tué le reste de sa carrière. Peu importe la qualité qu'on trouve à ce personnage, il faut remettre deux ou trois choses à plat : c'est un rôle que je ne trouve pas forcément des plus gratifiants pour un acteur quand on ne voit pas son visage. Il ne s'agit même pas d'un masque, comme on peut le constater sur la photo. Peut-on alors remettre en question son talent d'acteur ? Et puis, qu'est au juste le personnage de Jar Jar ? Une sorte d'amuseur pour enfant, qui tranche certes avec le ton de Star Wars, mais au final, ces histoires ont toujours été écrites comme des contes pour enfants : princesse en détresse, vieux sage, fermier héroïque, happy end... Certes, on n'aime pas forcément Jar Jar, mais en tant que clown, difficile de dire qu'il rate sa performance. Et puis combien d'entre vous reconnaîtront immédiatement la référence quand quelqu'un sortira un "missa" ?
On lit depuis peu des confidences de l'acteur, disant que les réactions (enfin, le déferlement de haine) des fans lors de la sortie de la prélogie a été tel qu'il a failli ne pas le supporter et mettre fin à ses jours... En tout cas, cela semble avoir été suffisant pour mettre fin à sa carrière...


Ahmed Best en Jar Jar.


Il y a de cela deux mois, nous parlions du cas de Kelly Marie Tran, l'interprète de Rose dans l'épisode 8. Cette fois-ci, pas de personnage clownesque, juste un rôle secondaire plus classique. Mais au final, quelle différence? L'actrice a quitté les réseaux sociaux, supprimé toutes ses photos en ligne... A cause d'un déferlement de haine envers son personnage; son traitement dans le film, mais aussi à cause de son origine... Alors, avant de parler d'autres choses, bandes de fans hardcore, la question du racisme : PUTAIN, BORDEL , DU RACISME DANS DU STAR WARS?!? BANDES DE %§¨£§ ET VOUS VOUS DITES FANS DE L'AVENTURE LA PLUS MULTIRACIALE QUI EXISTE !!!!! OSEZ DIRE QUE VOUS NE KIFFEZ PAS LES TWILEKS ! ET PUIS, SI VOUS ETES DE "VRAIS" FANS, VOUS CONNAISSEZ L'UNIVERS ÉTENDU : QUI EST RACISTE ET ULTRA XÉNOPHOBE ? PALPATINE PUTAIN !! VOUS VOULEZ SÉRIEUSEMENT ETRE COMPARÉS AUX NAZIS DE L'UNIVERS STAR WARS ????
Pardon, je m'emporte.... Mais encore une fois, on assiste à la bêtise humaine la plus profonde, et tous ces haters ne méritent pas de pouvoir s'appeler "fans de Star Wars", parce que nous sommes nombreux à se sentir salis d'être comparés à cela. 


Kelly Marie Tran en Rose.


Et puis bien sûr, il y a George Lucas. Je n'ai pas l'habitude de faire cela, mais pour une fois, je vais citer wikipédia : 
"Pour de nombreux amateurs de la saga, le statut de George Lucas a basculé de celui de Messie à celui de Judas, traître à la religion qu’il avait lui-même créée."
Il est là le problème : pour beaucoup, on a dépassé le cap d'aimer une oeuvre, à celui de la vénérer. Les mecs vous savez quoi, c'est juste un film ! C'est juste un rôle ! C'est juste un acteur et une actrice qui font leurs jobs ! Et qui le font correctement (je n'ai jamais réellement su juger le talent d'un acteur, surtout parce que j'aime bien la VF, à moins que ce ne soit calamiteux, et nous ne sommes pas dans ce cas là). En fait, plus que cela, je suis sûr que ce sont des acteurs qui ont réalisé l'un de leurs rêves : jouer dans un Star Wars !! Mais tous ceux qui crachent ne sont que des rageux jaloux de ne pouvoir participer un tant soit peu à ce magnifique univers.
Vous n'aimez pas quelque chose ? personne ne vous force à l'acheter !! Et puis je suis certain que personne ne se hasarderait en vrai à venir insulter son marchand de kébab si un jour ses frites sont ratées. On change juste de crèmerie, ou on passe outre certains défauts pour apprécier le reste. Mais l'anonymat du net est bien pratique pour déverser sa haine en toute impunité... Encore que, en France, une chroniqueuse radio a été menacée (les petits génies du 18-25 de JVC...), et ses harceleurs ont été condamnés !

Allez, maintenant, je n'attends plus que le retour de Jar Jar dans le IX ! Longue vie à lui, à Rose, à leurs interprètes, en espérant qu'ils pourront tous à leur manière rebondir et profiter de l'opportunité qu'ils ont eu de jouer dans un Star Wars pour devenir le nouvel Harrison Ford ou la nouvelle Natalie Portman !




vendredi 6 juillet 2018

épisode 108 : Drew Struzan

Fichtre, un second article en moins d'une semaine ! On se croirait en 2010 ! Cette fois, changeons un peu des articles précédents de 2018, et revenons à quelque chose de plus court. Au bas de l'épisode 107, j'ai mis une superbe illustration intitulée George Lucas / The creative Impulse, par Drew Struzan. Revoilà donc la série d'articles pour vous faire (re)découvrir des artistes parmi mes préférés. Drew Struzan est principalement connu pour ses magnifiques affiches de films, quasi photoréalistes. Vous connaissez forcément son travail, même si vous ne connaissiez peut-être pas son nom.
N'hésitez pas à vous procurer L'Art de Drew Struzan, un superbe artbook qui laisse la parole à l'artiste, et nous plonge via commentaires et anecdotes sur chaque oeuvre dans le monde de l'illustration : entre nuits blanches passées sur une toile livrée à moitié sèche et costards-cravatés des studios limitant la volonté créative. Clairement, pas forcément une vision toute rose...
Mais place aux illustrations (que je mets d'ailleurs ici sans avoir les droits, forcément, nous en reparlerons bientôt); un simple clic sur l'une ou l'autre vous amène d'ailleurs sur le site de l'artiste, allez y jeter un œil :


           


         
















mercredi 4 juillet 2018

épisode 107 : Who have the only right ?

Quel est le point commun entre Picsou et Yan Solo? À première vue, pas grand chose, mais rassurez-vous, il y a bien de quoi retomber sur du Star Wars en partant d'à peu près tout ce qu'on veut. Ce blog vient de ressusciter, ne rompons pas tout de suite le contrat nécromantique stipulant qu'il devra évoquer du Star Wars pour ne pas retomber dans les limbes. Comment ça, qu'est ce qu'il ne faut pas entendre?



Attiré depuis un certain temps par une édition intégrale fort sympathique du travail de Don Rosa sur le plus riche des canards, je suis passé en librairie acheter les premiers tomes narrant la jeunesse de Picsou (oui, la librairie c'est bien, pas besoin d'aller enrichir davantage M. Amazon, qui appartient sûrement à Picsou d'ailleurs). L'édition est vraiment réussie, et laisse la parole à l'auteur entre chaque histoire. Et au début du tome 2, Don Rosa précise :


“Je tiens à ce que vous sachiez que la publication de ces histoires [...] sera la meilleure version jamais publiée en France, au moins aussi bonne, voire meilleure, que toutes les éditions disponibles “à travers le monde” ! Quand de précédentes éditions de ces histoires étaient publiées, je n'avais “aucun” contrôle sur la présentation. Certains traducteurs n'avaient apparemment pas une haute opinion de l'intelligence des lecteurs, allant jusqu'à réécrire mes scripts afin d'abréger et de simplifier les dialogues à l'attention des très jeunes lecteurs. Tout le côté “naturel” des dialogues était perdu, quand ce n'était pas ma vision tout entière du sens que j'avais voulu donner qui était changée quand ils considéraient qu'elle était trop complexe pour un petit enfant. En d'autres termes, ce que vous avez vu par le passé n'était parfois pas de réelles traductions, mais des réécritures intentionnelles. La mise en couleur [...] se révélait parfois incorrecte, ou inconstante d'une histoire à l'autre quant aux habits des personnages ou à la couleur de leurs cheveux. Néanmoins, pour la présente édition, j'ai personnellement inspecté chaque case de ces précédentes versions de mes histoires avec lesquels Glénat devait travailler. J'ai vérifié l'intégralité de la mise en couleur, et [...] nous avons vérifié chaque cartouche, chaque bulle, chaque panneau, chaque onomatopée et nous avons “tout” restauré en suivant mes scripts d'origine. [...] Si vous comparez les nouvelles avec les versions passées, en particulier deux de mes histoires préférées [...], je pense que vous aurez l'impression de lire une toute nouvelle histoire.
Maintenant, reste à savoir si vous aimerez ou pas la version corrigée! Je sais d'expérience que rien ne le garantit. Dans les autres pays où j'ai effectué des inspections similaires des traduction de mes histoires, on a parfois dit que les histoires étaient moins drôles que dans les versions précédentes. Mais c'est apparemment parce que les traducteurs prennent quelquefois l'initiative de rajouter des blagues dans mon dialogue là où il n'y en avait pas. Si j'avais voulu qu'un gag figure dans telle bulle, j'en aurai mis un : je pense avoir un certain sens de l'humour, du moins c'est ce qu'on m'a dit. Mais il m'arrive de vouloir sciemment que mon dialogue ait une autre finalité que de simplement lancer une plaisanterie facile au lecteur, et d'adopter parfois un ton plus sérieux. Ainsi il se peut que vous ne retrouviez pas certains gags, alors que d'autres ont été restauré. Une autre réaction très intéressante à ces éditions “corrigées” est liée à la mise en couleur. Il arrive qu'une réédition collector telle que celle-ci soit achetée par un lecteur de la première heure ayant grandi avec mes histoires [...], et qui désire à présent un volume relié permanent de ses héros d'enfance préférés. Et je me donne un mal de chien pour m'assurer que toutes les histoires soient recolorisées de façon plus réaliste, dramatique ou complexe comme je l'avais toujours voulu, et le résultat me ravit. Mais voilà ces lecteurs qui me disent préférer les anciennes versions ! Ce à quoi je répond : “Mais... Mais ces nouvelles colorisation sont tellement meilleures ! Faites par de vrais artistes qui utilisent des techniques de colorisation numérique complexes tout en se basant sur mes préférences personnelles ! Les anciennes versions ont été bâclées, mal faites, et sont tout simplement “incorrectes” ! Ce à quoi ils rétorquent : “Mais elles étaient comme ça quand j'étais petit, et c'est comme ça que je les aimais.”
Eh bien, comme je crois véritablement en la beauté de la nostalgie, je n'ai pas de réponse face à un tel raisonnement. Revivre son enfance est une chose magnifique. Mais c'est aussi une chose magnifique pour un auteur ou un artiste de voir son travail présenté à son public tel qu'il l'avait voulu. J'espère que mes fans de la première heure ont encore ou peuvent à nouveau se procurer ces éditions originales, celles que les enfants qu’ils étaient ont aimées. Ils pourront en parallèle découvrir ces nouvelles versions “corrigées” de mon travail, dont l'apparence et le contenu sont fidèles à mes intentions.”

Don Rosa et Picsou

La question soulevée est ici celle de l'appartenance d'une oeuvre. Qui possède un film, un livre?
  • L'auteur, le créateur, le réalisateur s'investissent dans leur travail, y mettent toujours d'eux mêmes. Ce sont les vrais artisans qui ont créé l'oeuvre. Laissons ici de côté les réalisateurs qui ne sont que des techniciens, au profit de ceux qui, comme George Lucas, ont réalisé leur vision, sans se soucier de directives extérieures. De même, nous ne nous penchons pas sur le cas des techniciens, des “ petites mains” au service de la vision.
  • Les producteurs, distributeurs, éditeurs apportent des fonds, prennent parfois des risques pour promouvoir une oeuvre. Idéalement, ils ne se mêlent pas de la création proprement dite (hum…. Combien de blockbusters actuels sont charcutés à l'encontre de la vision du réalisateur… coucou JLA), mais sont parfois derrière une idée, en plus de fournir la logistique et la crédibilité (comment ça une mention du type “par le producteur de…” n'est pas un gage de qualité?).
  • Enfin le spectateur paye son billet, achète une copie, veut à son échelle posséder une part de l'oeuvre, la regarder et en jouir à son gré. Et quand suffisamment de temps ou de notoriété sont en jeu, il faut même tenir compte de l'Histoire ou de la Culture, les œuvres devenant partie intégrante du patrimoine de l’Humanité. 



Dans tout ce bouzin, la volonté du créateur semble prendre de moins en moins d'importance.... La liberté laissée à Don Rosa pour publier ses histoires selon sa volonté me semble louable. D'ailleurs, l'auteur a sauté sur l'occasion et ne s'est pas contenté de valider une version toute faite, mais a bien remis les mains dans le cambouis pour nous offrir le meilleur de sa volonté. Il semble ici qu'il avait à retravailler des modifications de traductions ou des mises en couleurs qui avaient été modifiées avant la publication, sans son approbation. On assiste donc à une opération de nettoyage, un retour à zéro au niveau de l'oeuvre originale.
Mais le lecteur s'est approprié l'oeuvre, et en payant, veut retrouver l'oeuvre initiale dans son histoire personnelle. Comme le signale Don Rosa, il y a effectivement nombres de gens qui veulent retrouver exactement ce qu'ils ont lu dans leur jeunesse. Et c'est tout à fait compréhensible de vouloir sentir de nouveau le parfum des madeleines de son enfance… Et je suis le premier à vouloir que Greedo se fasse abattre par Solo “first”.


Penchons nous alors sur les multiples changements que George Lucas a fait sur son oeuvre. Je ne me lancerai pas à écrire qu'il a dénaturé Star Wars, parce que contrairement à nombre de fans hardcore, de haters (oui, passé un certain niveau de haine, je ne considère même plus que certains sont encore des fans, mais seulement des égoïstes, plutôt stupides, quand on voit le niveau de connerie débité… jetez un œil sur la vidéo d’InThePanda), je respecte, au moins l'homme, mais aussi l'univers qu'il a créé et dont il a été le maître d'oeuvre pendant près de quarante ans.

Celui que les "vrais" fans devraient considérer comme le maître et non pas conspuer...

Là, contrairement à Don Rosa, Lucas n'a pas fait qu'effectuer un nettoyage (il l'a fait au moment de sortir DVD ou BluRay qui ne pouvaient conserver l'image dégradée par les ans des vieilles copies). Confronté à la technologie de l'époque qui ne lui permettait pas d'exprimer sa vision à son plein potentiel, Lucas n'a pas forcément pu en 1977 filmer tout ce qu'il aurait voulu. Ce qu'il a fait ensuite, en plusieurs étapes, avec l'édition spéciale, la sortie DVD, la sortie BluRay...
La motivation est donc différente, mais pour le spectateur, le lecteur, quelle différence? En achetant la dernière édition de la trilogie classique, on ne retrouve donc pas forcément ce qu'on voulait. George est passé par là, mais tout comme Don Rosa, il a modifié son oeuvre, pour la rendre plus proche de sa vision d'origine. Certains diront qu'il n'avait pas le droit, ben tiens, il l'a fait, donc en plus de la possibilité, il en avait sacrément les droits. Le nombre de mèmes sur le net prouve le respect que la communauté accorde pour les différentes versions successives….

Les fans les plus mesurés ont alors décrié l'impossibilité de trouver la première version de leurs films préférés. Ok, George a fait ce qu'il voulait avec son bébé, mais pourquoi interdire la distribution des premières versions? Soyons un peu honnêtes, la première fois que les épisodes de la trilogie sont sortis en DVD, un par un, ils étaient tous accompagnés de la version originale du film. Oui, oui, la possibilité sur DVD, produite par Lucasfilm, de voir Yan Solo abattre Greedo de sang froid, avant de rejoindre Chicco au Millenium Condor. Ils ont une place bien au chaud dans ma dvdthèque, à côté des épisodes 7 et 8. La mise à niveau en haute définition est un travail non négligeable, on peut comprendre que Lucas ne l'ait pas fait pour le BluRay , mais ces versions ont existé dans le commerce. Dès lors, de quoi se plaint-on?




Et pour finir, une petite question pour les hardcore haters : depuis la reprise par Disney, vous ragez au maximum, criant à l'hérésie, appelant au Djihad… mais respectiez-vous la volonté de Lucas quand il a fait la prélogie selon sa vision, sans se plier aux studios (vu qu'il était le studio), quand il a modifié la trilogie classique pour mieux la faire correspondre à sa vision? Non, vous avez été tellement nombreux à hurler, donnant à notre communauté de fans la réputation la plus extrémiste qui existe…. Et vous pensez ne pas être responsable de la vente à Disney? Lucas avait encore des idées, des visions à nous montrer… mais c'est facile d'imaginer la fatigue qu'il a pu ressentir face aux “auto-proclamés” fans qui pensaient mieux que le conteur deviner la fin de l'histoire…
Nous n'avons au final que les nouveaux films que nous méritons. Personnellement, j'ai réussi à mettre de côté l'ancien univers étendu pour les apprécier, sans les porter plus aux nues que leur qualité intrinsèque. Mais si vous vous en plaignez, assumez un peu…


Merci à George Lucas pour sa vision, et pour l'univers qu'il a créé, qui nourrit l'imaginaire et la création depuis plus de quarante ans.