jeudi 17 décembre 2009

épisode 38: Chapitre deuxième (partie 1)

Résumé des épisodes précédents (enfin, juste du chapitre premier vu qu'on en est seulement au 2ème; c'est juste que ça fait plus classe comme ça): après avoir échappé à une embuscade, Iléas et ses compagnons rentrent à leur campement. Mais ils ont été suivis et rapidement encerclés par des mousquetaires menés par le cardinal De Chazarieu, chef de la police royale. Iléas et Garimboldo, blessé, sont capturés tandis que le reste des malandrins, dirigés par Klaus fuit vers leur repaire secret. Hilarion, abandonné sur les lieux du combat décide de suivre les mousquetaires pour aller aider Iléas...



Chapitre deuxième: l'évasion


La lumière de la Lune éclairait les toits de Castel-Bourg d'une lueur fantomatique quasi irréelle. Hilarion se déplaçait rapidement, tel un chat, sur les toitures en direction du palais ducal où se trouvait sans doute Iléas, croupissant au fond de quelque cachot sombre. Il lui fallait à tout prix un plan ! Il s'accroupit derrière une cheminée pour réfléchir sans être vu. Comment pouvait-il entrer dans le palais sans attirer l'attention ? La présence du Cardinal entraînait des gardes supplémentaires et des patrouilles plus nombreuses.

Un bruit le fit sursauter. La porte arrière d'une taverne venait de s'ouvrir à la volée et le tavernier venait d'envoyer à terre un jeune homme apparemment saoul. Ce dernier meuglait des insultes incompréhensibles à l'encontre du sol. Le tavernier lui jeta un dernier regard noir avant de rentrer dans son établissement. Hilarion n'en crut pas ses yeux. L'homme à terre portait le costume de la garde rapprochée du cardinal. Sans hésiter, il se laissa glisser du toit et atterrit avec souplesse à côté de l'homme. Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour le bâillonner ainsi que le délester de ses habits. L'homme qui ne pouvait lutter se retrouva barricadé derrière un tas d'ordure dans l'une des ruelles adjacentes. Il ne faudrait pas longtemps à ce dernier, une fois les effets de l'alcool dissipés, pour quitter cet endroit et le dénoncer. Cela laissait tout de même à Hilarion quelques heures pour trouver Iléas, ce qui était amplement suffisant. Dans le remue-ménage général que provoquait la venue du cardinal, un nouveau soldat passerait inaperçu.

Il gagna la grande rue et la remonta en direction du palais. Il vit alors s'approcher de lui une troupe de gardes du duc. L'un d'eux interpella:
_"Que fais-tu ici l'ami ? Votre ronde de surveillance ne s'arrête-t-elle pas au palais lui-même ? Florentin de Bussigny nous a demandé de patrouiller à l'extérieur du palais pour plus de cohérence." l'informa le mousquetaire.
_"C'est exact capitaine mais mes quartiers personnels se trouvent en ville et je viens seulement de prendre mon tour de garde" mentit Hilarion.
_"Il n'est pas prudent de patrouiller seul, le cardinal a des exigences très particulières. Voulez-vous que je dépêche quelques-uns de mes hommes pour vous accompagner ?" demanda la capitaine.
_"Ce ne sera pas nécessaire. Je vais accomplir ma tâche prestement et pour cela nulle aide n'est requise auprès de la garde du Duc" dit Hilarion.

Le capitaine fronça les sourcils avant de reprendre sa ronde suivi de près par ses mousquetaires.
"Il semblerait que les relations entre les mousquetaires du Duc et les gardes du Cardinal De Chazarieu soient ambiguës." ironisa Hilariuon pour lui-même. Cette situation l'enchantait.
Son habit suffit, à lui seul, à le faire entrer dans l'enceinte du palais ducal. Une fois ses grandes portes passées, il s'engouffra dans un mince corridor qui se trouvait sur sa droite. Il devait trouver les cachots coûte que coûte. Un peu plus loin sur sa gauche il aperçut un escalier qui descendait. Il dévala ce dernier et arriva dans la salle des armes. Dans cette pièce, se trouvaient des costumes de gardes, de nombreuses armes et quelques armures et plastrons. Il changea d'uniforme et enfila celui de la garde du Duc. Il valait mieux faire croire aux autres soldats qu'il n'appartenait pas à la garde du Cardinal. Il attrapa quelques dagues et une épée supplémentaire avant de remonter les escaliers. Il visita la moitié du palais avant de trouver ce qu'il cherchait: les cachots ! Durant cette visite, il eut la chance de ne croiser aucun garde mais les bruits qu'il percevait derrière la porte des cachots lui laissaient sous-entendre que plusieurs gardes se trouvaient à l'intérieur. Il inspira une grande bouffée d'air avant d'entrer dans la pièce.

Cette dernière était vaste et de chaque côté s'alignaient des cellules remplies de prisonniers. Deux mousquetaires étaient debout au milieu de la salle. L'un d'eux avait un fouet à la main, l'autre une épée. Aucun ne semblait surpris de sa venue. Devant eux, un homme était recroquevillé sur lui-même au sol.
_"Ah, te voilà enfin le jeune" dit le plus grand des deux. "Cela fait une demie heure que l'on a demandé qu'un mousquetaire vienne nous relayer." Il souleva le prisonnier et l'envoya s'écraser dans un des cachots les plus proches. Son corps heurta la pierre violemment dans un bruit sec.
Hilarion ne laissa pas transparaître sa colère, ni sa peur, son visage demeura impassible alors que son être criait à l'intérieur. Même s'il avait pillé et volé de nombreuses fois, il n'avait jamais torturé ni tué quelqu'un.
_"Nous reviendrons bientôt, aussi vite qu'il t'a fallut pour venir nous trouver jeune paresseux !" ricana l'autre garde. "Ne les quitte pas des yeux pour autant, nous avons de la racaille ce soir !" lui lança-t-il en claquant la porte de la cellule. Il se retourna vers son compagnon et lui dit avec un grand sourire:
_"Heureusement que les petits mousquetaires du Duc sont là pour nous permettre d'aller boire un verre" ricana-t-il. Ils sortirent de la pièce puis fermèrent la porte. Hilarion se trouvait seul entouré de prisonniers terrés dans leurs cellules. C'était trop facile... Qui ces gardes attendaient-ils réellement ?


... ...



Et maintenant; pour donner plus de consistance à notre récit, voici une ébauche de carte. Elle manque de détails parce que le cartographe s'y est mis vers 3h du mat', et quand on est crevé, on fait tout plein de conneries (dextérité -5, intelligence -5, et tout le reste est pareil). Alors pour dessiner des cartes c'est pas génial. Ainsi donc, une malencontreuse tache de bouffe et une tentative de vieillissement à la bougie ont achevé cette malheureuse carte. Mais il vous reste une version incomplète pour vous donner une idée.


épisode 37: En hibernation

La marmotte ou l'ours sont des animaux qui ont tout compris. A l'approche de l'hiver et des grands froids ils se mettent à manger et manger (trois ou quatre fois la dose normale), et hop, dès que ça tombe en dessous de 5° C, on pionce et on ne se réveillera pas avant le retour de températures décentes. Et avec les réserves de graisse accumulées, pas besoin de mettre le nez dehors de tout l'hiver ! Depuis le début du mois de décembre j'applique ça (en tenant compte de la présence obligatoire sur les bancs de l'école, sauf quand c'est chiant ou qu'il fait trop froid pour mettre un geek dehors).

Avec 22°C à l'intérieur, ça fait nid douillet une chambre d'étudiant alors pourquoi vouloir sortir ? Pourquoi ouvrir la porte à l'air glacial de l'extérieur ? C'est vrai que ça pourrait manquer un peu de compagnie mais le principe de l'hibernation c'est de pioncer alors bon...
Et comme ça, je suis pas malade moi !
Et effectivement, avec des nuits de 20h de sommeil, quand on se réveille on a la pêche !

Il paraîtrait en plus qu'il neige sur la France; ben sans doute partout sauf à Strasbourg ! Ici, il fait beau (froid certes, mais beau). Enfin, ça me dérangerait pas vraiment: c'est toujours sympa de regarder tomber la neige quand on est bien au chaud !


lundi 7 décembre 2009

épisode 36: Anton Ego

Cet article est une réponse à un certain individu qui se reconnaîtra. Pour les autres, si ça vous fait chier (ce que je peux comprendre), normalement, je vous dirais: pas la peine de tout lire. Mais là, en fait, z'avez pas le choix: lisez !!!


Quand on fait un truc et qu'on le garde pas pour soi (Mon Dieu, mais pourquoi je l'ai publié ici ??), il y a toujours des gens pour critiquer. C'est bien, c'est constructif et ça permet de faire des progrès; évidemment, parfois, on en prend un peu plein la gueule (Mais pourquoi, Ô pourquoi ai-je posté ça ??). Voilà, malgré une incitation subtile à commenter les deux précédents articles (via mon pseudo msn); je n'ai eu que très peu de commentaires critiques (aucun en fait...) sur le blog. En revanche, sur msn, qu'est ce que je peux morfler !!! Pour préserver l'anonymat de ce lâche et infâme personnage qui n'ose me vilipender que sur msn, quand personne d'autre ne peut le lire, nous l'appellerons Anton Ego (en référence à ce maigrelet et squelettique critique dans Ratatouille). Je tiens à préciser que j'ai corrigé les innombrables fautes d'orthographes du malotru (ça t'apprendra, na !!, et puis ça fait plaisir d'être méchant).





Voilà donc que ledit Anton, a du mal à visualiser le lieu décrit dans le premier chapitre:

" *la colline au milieu de la forêt
*j'ai vraiment du mal à voir le truc
*ou plutôt
*c'est juste pas possible ta description "

De plus, l'évocation de risques d'éboulements rocheux (qui force Iléas et ses hommes à descendre de cheval pour arriver jusqu'à leur bivouac), semble grotesque à M. Ego, qui ne comprend pas comment des éboulements peuvent se produire en pleine forêt.

" *les éboulements rocheux
*en colline
*c'est pas ça
*et si en plus il y a des arbres
*tu peux faire une croix dessus "

Sans continuer à citer cet infect animal, cet Anton Ego, je vais donc vous faire une petite liste des trucs qu'il me reproche. Le Cardinal Gui de Chazarieu ne devrait pas être sur le terrain (ou alors il ne devrait pas être cardinal), les mousquetaires utilisent non pas des mousquets mais des arcs (et des épées mais ça c'est normal), tirer à l'arc en forêt serait compliqué (à travers les arbres pour une volée de flèches), il manque une présentation physique des personnages, après l'attaque du carrosse les malandrins ne cachent pas les corps des mousquetaires, lesdits mousquetaires craignent le combat contre Iléas à dix contre un... Le tout en plus de 2 ou 3 tournures particulières qui n'ont pas plu à Anton.

***
**
*

Bon alors, le premier truc sur lequel a bloqué Anton Ego (mais quand je dis bloqué, il a vraiment bloqué dessus !): la colline.
La scène se passe en forêt, le terrain est légèrement vallonné. Imaginons que c'est proche d'un contrefort montagneux (ou une ancienne chaîne de montagnes; je ne me lancerais pas dans un cours de géologie ici...). Donc, on a forcément diverses collines où il est très facile de situer la scène (c'est toujours mieux qu'au fond d'un ravin marécageux pour un campement). Comme nous sommes dans une zone boisée, ben, of course, y a des arbres !! Et dans les anciennes chaînes, on peut souvent trouver des moraines, en gros des éboulis rocheux dû à des anciens glaciers (ça fait 15 ans que je passe des vacances dans le Jura, je sais de quoi je cause). Et voilà, on a notre scène ! Il suffit juste de couronner notre colline d'arbres, tout en sachant que ceux du centre ont été soit foudroyés soit coupés, ce qui a donc créé une petit clairière au milieu. On résout par la même occasion les volées de flèches. Ben oui, où est le problème si il y a une clairière ??

Pour vous montrer ce que donne donc un bosquet d'arbres sur un petite colline au milieu de la forêt, voici Calas Galathorn, le cœur du monde elfique sur Terre. Pas obligé de faire si grandiose, ni si "elfique" (on vire les mallornes) mais c'est POSSIBLE ! ! ! !



Pour le Cardinal, Gui de Chazarieu, je me suis inspiré de quelques personnages tels que Bernardo Gui (que l'on voit dans Le Nom de la Rose), Le Cardinal Trébaldi, du Scorpion, et bien sûr le Cardinal de Richelieu des Trois Mousquetaires.
En gros, c'est un personnage très intelligent et très influent, un enquêteur de génie. Il est entré dans l'Église dès son adolescence (normal, à l'époque, c'est soit l'armée, soit l'Église , soit... ben la poursuite de l'entreprise familiale) et grâce à son talent, il a vite gravi les échelons de la hiérarchie. Comme il n'y a pas plus haut que Cardinal (sans parler du Pape, mais faut pas exagérer non plus !), ben il est Cardinal. Et s'il est très doué pour diriger ses hommes depuis on bureau de la capitale, il lui arrive de prendre aussi les choses en main pour certaines affaires.


Le cardinal Trébaldi, dans le Scorpion (ci dessous), prend souvent la tête de ses moines-soldats pour régler ses affaires, D'ailleurs, on n'est jamais mieux servi que par soi-même quand on fait des magouilles louches.



Quant à Bernardo Gui (ci dessous), on peut pas vraiment dire qu'il est pas sur le terrain puisqu'il meurt même à la fin du film, tué par une révolte paysanne (sorry pour le spoil, mais normalement, tout le monde a déjà vu ce chef-d'œuvre). OK, j'aurais préféré que ce soit un grand Inquisiteur, mais à l'époque où est censé se passer l'histoire (dans un XVIIème siècle romancé), l'Inquisition n'existe plus; et donc, ce que j'ai trouvé le plus proche du grand inquisiteur, très très influent, c'est ce cardinal.




Maintenant, la question des mousquets (bon déjà, Anton parle d'arquebuses, genre j'ai écrit arquebusiers ?? non pour des mousquetaires, ce sont des mousquets). En effet, j'ai introduit cette notion de mousquetaires, toujours dans l'inspiration des Trois mousquetaires, de Dumas (un excellent roman d'aventures dont je n'aurais même pas la prétention de vouloir un tout petit peu me rapprocher). Mais Laurianne aurait préféré une époque moins avancée technologiquement (sans arme à feu), donc nous avons gardé le nom mais troqué le mousquet contre l'arc à la Robin des Bois.

D'ailleurs, j'en profite pour toucher un mot de Robin des bois qui, lui, octroie le droit à ses troupes de lancer des volées de flèches en pleine forêt (alors pourquoi pas Iléas?).
Mais la question des mousquets n'est qu'un détail, surtout que notre histoire n'est pas censée se passer dans un quelconque pays réel ni respecter une quelconque cohérence historique (ce ne sont même pas des vrais anachronismes puisque ce n'est pas dans notre univers) .



Et pour finir, une rapide réponse au reste des critiques (constructives ?) de M. Ego:
Les malandrins ne prennent pas le temps d'enterrer les corps des mousquetaires car ils savent que d'autres risquent d'arriver. On perd pas de temps alors que toute la maréchaussée risque de nous tomber sur le poil !
Les mousquetaires ne peuvent pas se mettre à 10 contre Iléas. Au delà de 4 contre 1, on se gène et dans un groupe de 4, même si ils savent qu'ils vont tuer leur adversaire, personne n'a envie d'être le premier à clamser avant. Genre, la bonne âme: oh oui, je vais mourir pour que vous puissiez gagner !
Effectivement, il n'y pas de description physique des personnages. Mea Culpa. Je n'ai fait aucune description des personnages, ni même de leurs backgrounds. Lau s'est chargée de corriger ce dernier point mais pour les descriptions physiques, j'ai totalement zappé. Les seuls éléments sont justement le Cardinal (j'avais envie d'une image marquante pour son arrivée), et Hilarion, depuis sa nouvelle balafre. C'est surtout parce que je voyais le début de façon assez visuelle, comme une scène de ciné. Et dans la scène d'action qui débute un film, on ne s'appesantit pas sur le visage ni sur des flashbacks de la vie des personnages.


En plus; on peut noter deux ou trois tournures bizarres qui ont pu nous échapper dans le feu de l'action, mais je me suis mis comme règle de taper mot pour mot notre manuscrit (en supprimant bien entendu les fautes d'orthographes). Mais bon, tant pis...

En tout cas, je remarque surtout que les incohérences que j'ai repérées à la lecture (ou volontairement introduites pour améliorer visuellement la scène), sont totalement passées inaperçues !! Je ne les citerais pas pour ne pas permettre à Ego de continuer à me torpiller. En tout cas, j'espère juste que quelqu'un sera mieux disposé qu'Anton Ego à mon/notre égard(s)... Mais je sais déjà que de toute façon je continuerais à poster même si ça doit servir uniquement pour répandre la haine habituelle d'Anton Ego.

mardi 1 décembre 2009

épisode 35: Chapitre premier (partie 2)

Et voilà la fin du chapitre 1. J'avais pas pensé à le préciser dans l'épisode 34, mais j'ai fait exprès de ne pas noter qui a écrit quoi, dans le but de vous faire deviner... Toujours est-il que voilà la fin de ce chapitre "guet-apens"; et pour ne pas vous mettre dans l'ambiance, un extrait que tout le monde doit déjà connaître. N'y voyez aucun lien avec notre histoire mais l'époque pourrait être similaire et puis bon, cape, épée, poursuite à cheval, brigands,... on arrive vite à Zorro qui a baigné notre enfance (même celle des plus âgés: je rappelle que la série date de 1959).



Rappelons juste le début du chapitre: une attaque de carrosse s'avère être un piège mais Iléas et ses hommes tuent les mousquetaires. Bredouilles, ils rentrent à leur campement. C'est là que Stanko semble blessé...


Iléas aperçut alors la tache rouge qui grandissait sur le torse de son plus jeune ami. Après quelques pas de plus, il s'effondra sur le sol. Garimboldo arriva à son chevet en courant. A peine fut-il agenouillé près de lui qu'une flèche lui arriva dans l'épaule, le projetant en arrière dans un cri de douleur déchirant.
Lantelme qui accourrait derrière lui s'arrêta net ! A la lisière du bois une trentaine de mousquetaires armés les observaient. Pyrrhus et Caéfan arrivèrent à coté de lui et l'entraînèrent de toutes leurs forces jusqu'aux chevaux, sous une pluie de flèches.
-"Iléas, il faut y aller !" vociféra Klaus.
Mais celui-ci n'écouta pas son ami.
-"Cours, va guider les autres jusqu'à notre retraite, il faut que j'aide Garimboldo." lui répondit calmement son chef.
-"C'est du suicide !" répliqua Klaus en courant vers Guigoz qui l'attendait avec son cheval sellé, à côté du sien qu'il chevauchait déjà. Caéfan et Lantelme montèrent ensemble sur le cheval d'Ileas qui était alors le plus proche d'eux. Brin de vent était un majestueux cheval qui s'enfuit vers la forêt, avec ses deux cavaliers, au galop. Pyrrhus rejoignit Klaus et Guigoz puis ils partirent dans un nuage de poussière.

Lantelme se retourna pour voir ce qu'Iléas faisait. Il chercha des yeux Hilarion mais en vain. Où pouvait-il être ? La dépouille de Stanko gisait par terre et les soldats du roi allait bientôt la piétiner. Une larme de colère roula sur la joue du pillard et vint finir sa course au coin de ses lèvres. Que dira Idylle quand elle saura ?
-"Suivez-moi" hurla Klaus au reste de ses hommes. Lui seul connaissait le chemin de la retraite secrète aménagée par Iléas en cas de catastrophe. Il s'enfonça au galop dans la forêt suivi de Pyrrhus, Guigoz et Caéfan et Lantelme sur Brin de vent qui n'avait aucun mal à suivre l'allure malgré la charge supplémentaire. Les quatre montures s'éloignèrent rapidement entre les arbres et l'obscurité les déroba aux regards des troupes royales qui avaient laissé leurs chevaux plus loin pour ne pas alerter les brigands. Resté sur les lieux de l'attaque, Iléas dégaina sa fidèle rapière et se précipita vers Garimboldo qui respirait difficilement, la douleur lui déformant les traits. La flèche lui avait transpercé l'épaule mais heureusement sans atteindre de point vital et il y avait encore une chance de le sauver. Le cercle des mousquetaires se referma sur les deux hommes. Mais la renommée d'Iléas n'était plus à faire et les soldats du roi connaissaient son habileté à l'épée. S'il ne tuait jamais (hormis ce soir), c'est qu'il désarmait à chaque fois ses adversaires. Malgré leur nombre, les mousquetaires s'avançaient avec prudence.

"-Ecoutez-moi !" leur cria Iléas, "Je veux bien me rendre si vous soignez Garimboldo." Il désigna le blessé qui venait de perdre connaissance. Cette solution était la seule qui lui était venue à l'esprit. Il voulait à tout prix sauver Garimboldo, quitte à se laisser capturer. Il n'aurait qu'à s'évader après; une fois son ami tiré d'affaire.
"Vous savez qui je suis ! Si je dois périr au combat, ce ne sera pas seul: nombre d'entre vous tomberont avec moi."
Un homme en habit ecclésiastique rouge s'approcha alors du cercle de mousquetaires. Tous les hommes semblaient subjugués par sa présence.
-"Ainsi, notre hors-la-loi serait un humaniste", dit-il d'un air railleur. "Eh bien, il ne sera pas dit que l'Église manque de miséricorde."
L'homme se rapprocha encore et Iléas distingua alors son visage osseux et son nez aquilin. La lueur des torches jouait sur son visage et l'on aurait dit une vivante incarnation de la mort.
-"Je suis le cardinal Gui de Chazarieu, commandant en chef de la police royale. Rends-toi sans histoire et j'enverrai mon médecin personnel pour sauver ce va-nu-pied. Mais ça ne lui évitera pas un procès."
-"Eh bien, je dois être flatté que vous vous soyez déplacé en personne." répondit Iléas en jetant son épée à terre. Trois mousquetaires se précipitèrent immédiatement pour se saisir d'Iléas. Quatre autres, des lanciers, se servirent des hampes de leurs lances et de la cape de Garimboldo pour confectionner un travois de fortune pour le blessé.
-"Allons, messieurs, en selle," ordonna Gui de Chazarieu; "nous rentrons à Castel-Bourg ! Cela suffit pour ce soir: nous avons leur chef, vous n'aurez plus besoin de moi pour capturer le reste de ces crapules."

Encore sonné, Hilarion se releva avec précaution quand il entendit décroître au loin les éclats de voix de la troupe du cardinal. Dès le début de l'attaque, une flèche lui avait superficiellement éraflé le cuir chevelu. Le choc l'avait rendu inconscient et il ne devait sa liberté actuelle qu'à sa chute au milieu des taillis qui l'avaient caché aux mousquetaires. Mais sa situation actuelle n'était guère enviable. Sa blessure, certes sans gravité, le faisait souffrir et il allait à tout jamais garder une profonde cicatrice, courant de son front à sa tempe droite. En plus, il ne savait que faire: son chef était aux mains de la police royale, ce dont il était le seul à être au courant; et le reste de ses compagnons se terrait dans un repaire secret. Il erra quelques minutes sur les lieux de l'éphémère combat, recherchant il ne savait quoi, déboussolé. Puis il partit vers Castel-Bourg, décidé à aider Iléas, sans trop savoir comment. Il verrait bien sur place ! Il prit la direction de la ville, à pied, car les mousquetaires avaient "réquisitionné" les chevaux que Klaus et les autres avaient laissés dans leur fuite désespérée. Une dernière étincelle du feu de camp jeta un éclair sur le cairn. Avant de partir, Hilarion avait recouvert de pierres la dépouille de Stanko. Puis la nuit repris ses droits et vint recouvrir toute la scène d'une chappe d'obscurité et de silence. Et Hilarion s'enfonça dans les sous-bois, leur noirceur eut tôt fait de l'engloutir.

* * * *


Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui; la prochaine fois, le chapitre deux: l'évasion !!

épisode 34: Chapitre premier (partie 1)

Comme d'aucuns le savent, nous nous sommes lancé dans l'écriture, selon un concept épistolaire: chacun écrit deux ou trois pages (ou plus, selon l'humeur du moment) puis envoie le tout à l'autre qui continue en essayant de respecter une certaine cohérence. Voilà donc le premier chapitre; enfin, la première partie parce que ça fait beaucoup de trucs à écrire. Les suivants arriveront dès qu'ils seront complets. Pas la peine de vous embêter à lire sur le scan, c'est juste pour vous donner une idée de la tronche du truc.






Chapitre premier: le guet-apens


Iléas ouvrit les yeux. Ses tempes le faisaient souffrir et du sang lui coulait dans le cou. L'entaille sur son cuir chevelu était impressionnante mais finalement peu dangereuse. Peu à peu, sa mémoire lui revint. Le carrosse devait transporter un important commerçant ainsi que son épouse. Caché dans les taillis, à la tête de ses hommes, Iléas avait bondi au passage de l'attelage pour le dévaliser. Depuis quelques mois, Iléas s'était taillé une belle réputation de bandit de grand chemin, et ce, sans jamais avoir à tuer quiconque. Alors quand il entendit parler de cette opportunité, il y vit une occasion supplémentaire d'amasser du butin.
Mais la surprise s'avéra très différente: le carrosse transportait quatre mousquetaires du roi, de féroces spadassins experts dans le maniement des armes. Quelqu'un les avait trahi ! Et le plus suspect était ce capitaine de la garde locale: Florentin de Bussigny. C'est lui qui indiquait de bonnes occasions à la bande d'Iléas, en contrepartie d'un juteux pourcentage. Naturellement, le coup de ce soir était encore son idée.

Se relevant d'un mouvement encore peu assuré, Iléas se dirigea vers un bosquet d'où s'élevaient des éclats de voix. Les quatre mousquetaires venaient de succomber sous la fureur de ses hommes. "Pour Iléas, vengeance !" criait Klaus, son second et fidèle lieutenant. Galvanisés de la sorte, les hommes d'Iléas avaient rapidement remporté le combat et les hommes du roi gisaient, morts, à leurs pieds. Quand ils virent leur chef, qu'ils avaient cru mort, tous les brigands entourèrent Iléas en poussant des vivats.
"C'est bon les amis, tout va bien". Après avoir remercié ses hommes, Iléas se dirigea vers les corps des mousquetaires. Miraculeusement, tous les malandrins étaient indemnes. "Ce sont bien des mousquetaires du roi", dit Iléas, "Mieux vaut ne pas s'attarder ici, des renforts pourraient arriver". Pyrrhus et Garimboldo, deux des malandrins récupérèrent les lames de Tolède des hommes du roi et toute la petite troupe se mit en selle pour quitter les lieux. Klaus et Iléas chevauchaient en tête, les sept autres malandrins légèrement en retrait pour les laisser discuter tranquillement.

-"Quelqu'un nous a trahi..." commença Iléas, "une personne qui était au courant de notre embuscade de ce soir..."
-"Tu penses à Florentin ? C'est lui qui nous avait rencardés pour ce soir."
-"Qui d'autre ?" rétorqua Iléas, renfonçant son chapeau que le vent menaçait d'envoyer dans la nature. D'un geste brusque, il tira sur les rênes de son cheval, le faisant quitter la route pour emprunter un petit chemin forestier. Le reste du groupe s'enfonça alors à sa suite dans les sous-bois, réduisant l'allure.
-"Mais je croyais que tu le connaissais bien ?" questionna Klaus quand il fut de nouveau à son niveau. "Tu disais avoir une totale confiance !"
-"En effet, nous avons passé notre jeunesse ensemble; c'est bien pour cela que je ne lui pardonnerai jamais cette infamie."
Après plusieurs minutes de petit trot, le groupe arriva devant une immense colline, au centre de la forêt. Ils mirent tous pied à terre pour la gravir: les éboulis rocheux pouvaient s'avérer très dangereux pour des cavaliers. Guidant leurs montures avec précaution, ils arrivèrent enfin à l'énorme bosquet couronnant la colline où Iléas avait établi son campement.
Pendant que les hommes s'affairaient à leurs besognes habituelles; brosser les chevaux, allumer un feu pour le repas du soir... Iléas et Klaus s'écartèrent du reste du groupe pour terminer leur conversation.

-"Dès demain, nous nous rendrons à Castel-Bourg pour nous occuper de Florentin", commença Iléas. "Quelle est l'importance du butin amassé ce soir ?"
-"Il n'y avait aucun trésor dans ce carrosse. Pas le moindre sou. Les passagers eux-même n'étaient que des leurres, des tas de paille recouverts d'habits !Serait-il possible que l'on ait fait une erreur ? Que l'on ait mal compris le lieu où..." demanda Klaus.
-"Dans l'organisation non, tu as été irréprochable comme à ton habitude, mais dans la réalité nous voilà devenus des tueurs, qui plus est de mousquetaires du roi. Cela change beaucoup de choses, il n'y aura aucune issue pour nous si l'on se fait prendre, la corde nous attend déjà !"
-"Florentin est bien capitaine ? S'il ne nous a pas trahis il se peut qu'il nous aide." rétorqua Klaus.
-"Tant de choses changent. L'époque où nous courrions ensemble dans les champs pour faire enrager les paysans voisins est révolue", s'attrista Iléas. "Il a fait ses choix, j'ai fait les miens. Je n'ai pas eu sa chance de grandir chez Mr et Mme le baron de Bussigny ! Mes parents vivaient tant bien que mal de faibles récoltes et de quelques corvées. C'est parce qu'il a fallut les nourrir que j'ai dû voler pour la première fois. C'étaient les parents de Florentin eux-même, avec l'aide de leur fils, que j'ai dépouillés. Il a alors commencé à contrôler ma vie puis la nôtre. J'en suis désolé. Les coups les plus fumants ont été, sans nul doute possible, les tiens. Je le reconnais Klaus. Tu es un fin stratège et un ami fidèle. Ma confiance en d'autres que toi est ébranlée." avoua Iléas.
-"Je n'ai pas eu la chance de connaître mes parents mais j'ai grandi avec ma sœur et nous avons usé de mille ruses pour subsister. Elle est devenue une belle femme et a trouvé un travail honnête au tavernier du village. Alors que moi, je n'ai jamais cessé de piller. Encore davantage après la rencontre des trois frères." conclut Klaus.
-"Comment as-tu connu Garimboldo, Caéfan et Lantelme ?" le questionna Iléas.
-"Lantelme avait jeté son dévolu sur ma sœur pendant un temps. Alaysia n'a jamais daigné poser les yeux sur lui. Mais nos nombreuses soirées ensemble nous ont fait découvrir une autre passion en commun. L'or ! Garimboldo désirait faire partie des mousquetaires du roi quand il était plus jeune. Mais sa "majesté" n'a pas voulu de ses services et a créé malgré lui un de ses plus grands ennemis. Caéfan désirait quant à lui reprendre la forge de son père. Il a rejoint ses frères lorsque celle-ci fut détruite par le roi, suite à une querelle avec son père." raconta Klaus.
-"Je vois" conclut Iléas, "et Pyrrhus ?" questionna-t-il.
-"Pyrrhus est un ami de Caéfan. Il aurait pu prétendre de même à un poste de forgeron. Il a eu une femme, raconte-t-on. Je ne sais pas si cette nouvelle est fondée. Pour les autres, Hilarion est arrivé en même temps que Guigoz dans notre groupe. Je ne sais pas grand chose de lui. Guigoz m'a dit qu'il était orphelin et passionné d'armes. C'est un vaillant combattant. Guigoz lui-même manie bien les armes et utilise maintes ruses pour vaincre son adversaire. Il prétend avoir grandi dans un petit village d'opposants au roi dans le sud du pays. Stanko a grandi pas loin de lui si on croit les cartes mais il n'a jamais connu un tel village. Stanko est le plus jeune de nos hommes, c'est même le plus timide mais son efficacité n'est plus à mettre en doute." détailla Klaus. "Tiens ! regarde-le revenir de son tour de garde en courant. Un passionné, je te jure !" dit-il.
La silhouette de Stanko se dessinait de plus en plus nettement au milieu des arbres. Sa démarche était maladroite et étrangement saccadée. Ses lèvres bougeaient sans qu'aucun son ne sorte.
-"Il est blessé !" hurla Lantelme.



Et voilà, suite au prochain numéro; rassurez-vous, on devrait être un peu plus rapide que Marvel, pas besoin d'attendre un mois pour la suite.