mardi 30 avril 2019

épisode 144 : Bon sens dessus dessous

Une œuvre, peu importe sa forme, est souvent ancrée dans son époque. Prenons comme petit exemple pour notre article du jour une bande dessinée qui commence à dater un petit peu. L'élixir du Docteur Doxey est le septième tome des aventures de Lucky Luke, paru en 1955, à une période de la série où Morris était encore seul aux manettes, avant l'avènement de Goscinny. Sans raconter toute l'histoire, ce n'est pas le but ici, remettons tout de même les choses en contexte.
L'album raconte les démêlés de Luke avec le docteur Doxey, un pseudo médecin ambulant qui vend de faux remèdes dans chaque cité qu'il visite. Il semblerait que ce genre de personnage soit inspiré d'un stéréotype des histoires populaires du Far West, celui du charlatan vendant un truc genre pisse d'âne à prix d'or comme s'il s'agissait d'un traitement miracle pour tous les maux de l'humanité. Et maintenant un petit extrait, dont je n'ai pas les droits bien sûr :








Un pseudo médecin vante un remède miracle devant une foule plutôt méfiante et réticente à l'idée de donner son argent à un charlatan. Plutôt logique non? Puis quand celui-ci semble présenter une preuve de l'efficacité de son produit, forcément la foule est immédiatement conquise, le miracle s'opérant sous leurs yeux balayant leurs doutes. Et bien sûr, quand la supercherie est dévoilée, quand les "preuves" se cassent la gueule, s'avèrant n'être que du pipeau, la foule se précipite pour mettre en pièce le tricheur avéré, ce faux médecin, menteur, voleur qui jouait avec leur santé pour se faire quelques dollars.

Ça se voit que j'aime bien ce vidéaste?

À l'époque, dans un bled reculé du Far West, tout n'est que question de bon sens. Si une preuve semble correcte, peu importe qu'elle soit pour ou contre une théorie, on s'y fie. Et tout naturellement si cette preuve est invalidée, surtout dans un cadre de falsification, plus personne ne fait confiance au charlatan, au tricheur qui a tenté d'abuser de la confiance des gens en falsifiant des preuves uniquement pour vendre sa fake med. Tout ceci semble logique non? Mais alors pourquoi cette situation ne semble plus du tout actuelle? Pourquoi une frange non négligeable de la population continue à croire à des théories fausses alors même qu'il n'y a d'autre preuve que celle falsifiée par des gens peu scrupuleux. Pourquoi continue-t-on d'accorder de la confiance ou même  du temps d'antenne à des gens, charlatans avérés qui continuent de raconter n'importe quoi alors que la science a démonté leur baratin ? Ou est passé le simple bon sens?

Je comprends bien la motivation principale des charlatans, se faire toujours plus de pognon. Et pour tous ceux qui leur donnent de l'audience, la motivation est la même. Surfer sur la peur des sciences, les complots, toutes ces conneries font du clic, du buzz comme on disait en 1990. Mais pour nos amis pigeons, quel intérêt de s'enferrer dans des croyances parfois dangereuse, souvent chères, toujours démontées par la preuve scientifique? Revenons-en pour une fois au simple bon sens qu'avaient il me semble certains anciens. Même s'il faut bien l'avouer, nombre de croyances obscurantistes existaient...

On se fout d'avoir des connaissances scientifiques, un niveau scolaire élevé ou d'autres choses qui ne sont pas forcément accessibles à tous. Ce que je demande, et il me semble que nombre de gens ne s'en porteraient que mieux, ce serait du bon sens pour tous ! Et un soupçon d'esprit critique ! Mais bon, je sais, Noël est encore loin...


samedi 13 avril 2019

épisode 143 : Des ours et des gobelins

Peur, stress, rage, haine, voyeurisme, phobies en tous genres... Vivent Internet et les médias. Ah non, c'est peut-être simplement que je passe trop de temps sur Twitter. Au lieu de perdre du temps pour polémiquer ou me plaindre, pourquoi ne pas ajouter un peu de douceur et de gaieté?




En octobre 2018, à Paris, dans le quartier des Gobelins, un sympathique libraire a eu l'idée de disperser un peu partout d'énormes nounours en peluche. Dans les boutiques, sur les bancs, attablés à un café... Pendant plus d'un mois ces mignonnes boules de fourrure synthétique (de près d'un mètre cinquante tout de même) ont vécu au rythme du quartier, accompagnant leurs voisins humains, leur redonnant le sourire. Et rien de bassement mercantile, le libraire (Philippe de son prénom) les a payés lui-même, allant jusqu'à les prêter à qui voulait pour une soirée, ne réclamant que des photos des nounours en situation. Et la plus belle photo en a gagné un!



Après un réveillon dans un restaurant pour bien finir l'année, et même un mariage en grande pompe (avec une belle affluence), les nounours ont tiré leur révérence. Mais ils sont de retour depuis un petit moment dans Paris, n'hésitez pas à jeter un oeil sur leur page Instagram (oui, eux ils sont jeunes), ou allez directement leur dire bonjour si vous êtes dans le coin! Et ramenez des photos, histoire de participer un peu à égayer le web!



mardi 9 avril 2019

épisode 142 : Seven Facebooks to read

Il paraît que Facebook ça devient un réseau de vieux, que les jeunes délaissent au profit d'Instagram. Et à vrai dire je n'y mets plus vraiment les pieds non plus (de là à dire que je suis encore jeune....). Et les rares fois où je m’y rends, je ne poste plus aucun contenu depuis bien des années. Mais dernièrement, embrigadé dans une chaîne, je me suis retrouvé à suivre la consigne suivante : devoir poster, sept jours d'affilée, des couvertures de livres sans aucune explication. Les voici alors de nouveau, agrémentées cette fois-ci de quelques lignes expliquant les choix effectués.

Commençons par un artbook, l'un de mes premiers, sobrement intitulé "John Howe artbook". Le Seigneur des Anneaux a été l'une des grosses claques littéraires de ma jeunesse. Le premier bouquin à me laisser aussi désemparé que les Hobbits à la fin de l'histoire. Un bouquin que j'ai failli relire d'affilée pour rester plus longtemps en Terre du Milieu. Et comme souvent quand un livre me marque ainsi j'ai longtemps fait de la résistance pour ne pas visionner les films de Jackson. Même si passée la déception au final de ne pas les voir sur un écran assez grand, je me suis tout de même rattrapé; merci le Grand Rex et ses marathons version longue. Et du coup, à l'origine, ce sont maîtres Howe, Lee et Nasmith qui ont donné vie à l'oeuvre (en plus de mon imagination guidée par les cartes de Tolkien).
S'il ne regroupe pas que des oeuvres issues de cet univers, l'artbook de John Howe est donc celui qui m'a donné envie d'avoir d'autres livres dans le même genre. C'est aussi comme cela que j'ai découvert le reste des oeuvres de Howe. Et enfin, c'est sûrement le livre que j'ai le plus feuilleté, m'y replongeant toujours de temps à autre.
Un artbook pour dominer tous les autres!


Les années 90, toute notre jeunesse! Mais surtout, une période géniale pour les fans de Star Wars. Nous n'avions qu'une trilogie, nous rêvions de celle qui allait arriver, guettant la moindre image dans les pages du Lucasfilm magazine (loin du brouhaha d'Internet sur les prochaines sorties, avec leurs images volées, les trailers spoilers, les hordes de rageux avant même la sortie...). Et surtout, nous avions droit aux plus belles pages de l'Univers Étendu! La Croisade Noire du Jedi Fou, sûrement la meilleure trilogie papier dans notre lointaine galaxie préférée. Et j'ai toujours un faible pour l'édition ci-contre, affublant la trilogie originale des numéros 1, 2 et 3, et la trilogie de Timothy Zahn des numéros 4, 5 et 6. Même si la continuité se fait parfois au forceps entre ces livres et la Prélogie, ils restent fondateurs dans l'Univers Étendu, introduisant les meilleurs personnages, Mara Jade ou Thrawn, ne se reposant pas sur autre chose que sur leur qualité intrinsèque pour nous proposer une suite à la Trilogie Originale.
Une pierre si artistement apportée à notre Univers favori!


Après des œuvres littéraires "courtes", je suis passé aux sagas plus longues. Voire vraiment plus loooooongues. Le premier tome de la Roue du Temps de Robert Jordan, je l'ai lu une première fois, des années avant de lire le reste du cycle. Très (trop ?) lent, avec un intérêt assez limité, ce premier tome ne m'avait pas convaincu, avant que je n'y revienne, des années plus tard, avec sur les bras les six premiers tomes (dans un découpage français proche de la boucherie, oui pour une fois j'inclus dans ce terme la traduction, qui change au bout de quelques tomes, le nouveau traducteur n'ayant clairement pas lu les travaux de son prédécesseur...). Et bien au final, quand les bouquins se sont bien accrochés aux mains, plus moyen de les lâcher! Rarement une série si longue conserve les mêmes personnages, permettant ainsi une réelle évolution. Un petit bijou de médiéval fantastique, avec des moment de bravoure épique qu'il sera impossible de lâcher en cours de route, peu importe le repas qui vous attend!


Si certains livres peuvent clouer au fauteuil par leur côté épique, ou plonger le lecteur dans l'euphorie ou dans la mélancolie, rares sont ceux qui ont réussi à m'émouvoir quasi aux larmes. Ce n'est pas le cas de celui présenté à droite, mais de ses deux suites. Mais comme le premier est souvent celui qui marque le plus, voici donc Les Royaumes du Nord, de Pullman. Notons qu'il s'agit du seuil livre parmi les sept de cet article à nous faire suivre un personnage féminin, et que cela ne gêne à aucun moment dans les suites pour ressentir les sentiments de Lyra. Tout ce que vous cherchez est là, à la croisée des mondes, et des thèmes, entre science fiction, magie, même l'Éternel ne boude pas son plaisir et vient faire un petit caméo. Et si le côté ours polaires qui parlent pourrait sembler enfantin, dès qu'ils sortent les griffes pour tailler le bout de gras avec un ennemi, vous verrez les choses différemment! Rien qu'à écrire ça, j'ai envie de les relire, avant peut être de m'esbaudir devant l'adaptation britannique, qui sait...


Des récits initiatiques, des héros qui passent de fermier à sauveur de l'univers, la littérature fantastique en est pleine. Presque trop. Le Banni de Recluce en est un représentant des plus réussis. Et avec même un petit côté terre à terre plus que bienvenu. Notre héros, initialement apprenti ébéniste se retrouve logiquement entraîné dans une quête épique. Mais pour une fois, sa formation va s'avérer utile, ancrant sa quête et l'histoire dans un univers qui gagne ainsi en cohérence. Et ce livre m'avait presque donné envie de me mettre à travailler le bois. Alors, aucune idée concernant le réalisme du travail du bois ; je sais que souvent quand la fantasy tente de nous décrire de la forge, elle se prend les pieds dans le tapis. En fait, on s'en fout, l'intérêt c'est de réussir à vous faire aimer une discipline ! Et comme pas mal d'autres ouvrages cités sur cette page, c'est un livre que j'ai lu, et relu, trouvant et retrouvant avec plaisir un lieu familier pour me détendre et me reposer, loin de la folie de notre monde actuel. Les suites sont intéressantes mais ne m'ont jamais autant transporté. Il y a même des séries dérivées, que je n'ai pas encore lues, à mettre sur ma liste !


Après une telle somme de gros pavés, l'avant-dernier livre est un petit one-shot de science-fiction. Il me semble d'ailleurs que c'est le plus sous-estimé des bouquins du jour. Alors oui, une ou deux heures et c'est fini. Même si le pitch de départ n'est pas forcément ce qui reste, d'autres concepts continuent de me trotter dans la tête de temps à autre. Des grands scientifiques ou politiciens sont bannis par un empire galactique, sur une planète reculée, avec un niveau technologique inexistant. Chacun a créé sa faction, sa famille en développant au maximum sa compétence initiale. Et chaque faction apporte régulièrement un tribut, espérant, génération après génération, le pardon de l'empire. Les différentes capacités des factions font vraiment tout l'intérêt de cette histoire. Et chaque capacité apporte au lecteur son lot de questions sur l'usage qu'il conviendrait d'en effectuer.


Et pour bien finir, Le Seigneur des Anneaux. Oui, ça fait quasiment doublon avec le premier ouvrage. La boucle est maintenant bouclée. Mais nous n'avons pas non plus affaire ici à n'importe quelle édition. Ce n'est pas celle avec laquelle j'ai découvert Tolkien, mais c'est celle avec laquelle le collectionneur a un sentiment d'accomplissement. Le format presque biblique et les illustrations d'Alan Lee en font un indispensable. J'hésite encore à investir dans un lutrin...