Un blog c'est un peu comme un cahier, avec des croquis, des idées griffonnées à droite ou gauche, et de temps à autre un bout de texte complet qu'on veut montrer. J'avais laissé en plan pas mal d'articles dans la section brouillon : des choses qui vont d'articles à demi écrits, à de simples idées, posées là, en me disant que j'écrirai l'article idoine plus tard. Bon, depuis 10 ans, les idées je les ai oubliées, mais il reste quelques petits bouts de textes. Du coup, je fais du cadavre exquis avec moi même... très conceptuel tout ça... Le début de ce qui suit a été écrit pour l'épisode 100. Et la suite est toute fraîche, sachant que je n'ai strictement aucune idée de la direction que je voulais emprunter...
La sueur coulait sur le front crasseux de l'homme. Jadis roux et courts, ses cheveux tombaient maintenant sur ses épaules, noyés dans la poussière et la saleté. Une barbe rousse et hirsute lui mangeait le visage, dissimulant à grand peine la cicatrice qui courait de son orbite gauche à son menton, fendant sa bouche en un rictus figé et presque ironique. Vestiges de son armure et de sa cape, ses hardes le mettaient au ban de la société dans chacune des villes qu'il avait traversées sur le trajet du retour. Seule son épée, dissimulée dans un fourreau rafistolé, gardait un peu de la superbe qui l'animait quand il avait quitté son foyer pour partir sur les routes, il y avait huit années de cela.
Il en avait tant vu en huit ans que plusieurs vies entières lui semblaient s'être écoulées. Mais il se rappelait vaguement, il avait quitté son pays... impossible de se souvenir d'un nom, d'ailleurs même le sien avait déserté sa mémoire depuis longtemps. La solitude, le dénuement, les épreuves qu'il avait traversées, les créatures horribles qu'il avait fuies ou vaincues... Tout ceci dans un seul but. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître... Il n'avait plus en tête que ce leitmotiv. Et depuis que la lourde chaîne en bronze, soutenant le fameux talisman, mordait les chairs de son cou, sa rengaine ne le poussait plus seulement en avant, mais elle le maintenait en vie, effaçant sa fatigue, muselant sa faim, guidant ses pas sur le trajet de retour. Vers le dénouement de sa quête. Vers sa cité, et vers le palais du Maître.
Son entrée dans les faubourgs s'était quasiment faite sans encombre. La population semblait encore plus raser les murs que lorsqu'il était parti et les troupes du maître patrouillaient, toujours omniprésentes, mais la tradition de la garde de la porte sud était toujours au laxisme. Et un vagabond, sale, puant et l'air illuminé était rarement considéré comme une menace pour la sécurité de l'état. Ses pas l'avaient mené machinalement vers la Place aux Ours, et son tableau d'affichage public, véritable état des lieux de la vie dans la cité. Il avait failli ne pas reconnaître le lieu: les chênes millénaires sculptés qui donnaient son nom à la place n'ombrageaient plus les pavés irréguliers. Ils avaient cédé la place à un gibet où se balançaient doucement plusieurs cadavres, certains morts depuis plusieurs jours. Le panneau d'affichage, quant à lui n'avait pas bougé, mais présentait maintenant uniquement des tracts à la gloire du Maître ou des avis de recherche contre divers traîtres, terroristes, ou tout opposant au Maître. Toutefois la répression avait dû gagner en efficacité vu le nombre limité de primes. D'ailleurs, en soulevant un parchemin vantant l'honnêteté et la bonté de la justice du Maître, l'homme resta figé devant une représentation naïve d'un groupe de jeunes gens affublés d'une prime de 180 couronnes. Les affiches placardées au dessus avaient empêché l'illustration de complètement disparaître, mais le texte et notamment les noms avaient été effacés par le soleil.
La voix lancinante qui guidait ses pas depuis des années et la tension de la chaîne du talisman autour de son cou semblèrent soudain passer à l'arrière plan, tandis que l'homme sentit des larmes tracer des sillons dans la crasse recouvrant son visage. Ses quatre amis étaient morts depuis longtemps, tombés les uns après les autres, les revoir ainsi, même sous un trait si grossier l'avait bouleversé. Et là, au centre de l'illustration, cheveux roux et visage étrangement juvénile, c'était lui, à côté de Myra! Myra... Il ne retrouvait pas les noms des autres, mais comment avait-il pu oublier celui de Myra? De vagues sensations, des images de joie passée lui revinrent. Les détails et le reste de son passé continuaient pourtant à lui échapper, occultés par sa rengaine incessante, maintenant renforcée par un renouveau de haine envers le maître. Un coup de hampe dans les côtes le fit sortir de ses pensées en sursaut.
Il en avait tant vu en huit ans que plusieurs vies entières lui semblaient s'être écoulées. Mais il se rappelait vaguement, il avait quitté son pays... impossible de se souvenir d'un nom, d'ailleurs même le sien avait déserté sa mémoire depuis longtemps. La solitude, le dénuement, les épreuves qu'il avait traversées, les créatures horribles qu'il avait fuies ou vaincues... Tout ceci dans un seul but. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître. Trouver le talisman de Xénon et le ramener pour pouvoir tuer le Maître... Il n'avait plus en tête que ce leitmotiv. Et depuis que la lourde chaîne en bronze, soutenant le fameux talisman, mordait les chairs de son cou, sa rengaine ne le poussait plus seulement en avant, mais elle le maintenait en vie, effaçant sa fatigue, muselant sa faim, guidant ses pas sur le trajet de retour. Vers le dénouement de sa quête. Vers sa cité, et vers le palais du Maître.
Son entrée dans les faubourgs s'était quasiment faite sans encombre. La population semblait encore plus raser les murs que lorsqu'il était parti et les troupes du maître patrouillaient, toujours omniprésentes, mais la tradition de la garde de la porte sud était toujours au laxisme. Et un vagabond, sale, puant et l'air illuminé était rarement considéré comme une menace pour la sécurité de l'état. Ses pas l'avaient mené machinalement vers la Place aux Ours, et son tableau d'affichage public, véritable état des lieux de la vie dans la cité. Il avait failli ne pas reconnaître le lieu: les chênes millénaires sculptés qui donnaient son nom à la place n'ombrageaient plus les pavés irréguliers. Ils avaient cédé la place à un gibet où se balançaient doucement plusieurs cadavres, certains morts depuis plusieurs jours. Le panneau d'affichage, quant à lui n'avait pas bougé, mais présentait maintenant uniquement des tracts à la gloire du Maître ou des avis de recherche contre divers traîtres, terroristes, ou tout opposant au Maître. Toutefois la répression avait dû gagner en efficacité vu le nombre limité de primes. D'ailleurs, en soulevant un parchemin vantant l'honnêteté et la bonté de la justice du Maître, l'homme resta figé devant une représentation naïve d'un groupe de jeunes gens affublés d'une prime de 180 couronnes. Les affiches placardées au dessus avaient empêché l'illustration de complètement disparaître, mais le texte et notamment les noms avaient été effacés par le soleil.
La voix lancinante qui guidait ses pas depuis des années et la tension de la chaîne du talisman autour de son cou semblèrent soudain passer à l'arrière plan, tandis que l'homme sentit des larmes tracer des sillons dans la crasse recouvrant son visage. Ses quatre amis étaient morts depuis longtemps, tombés les uns après les autres, les revoir ainsi, même sous un trait si grossier l'avait bouleversé. Et là, au centre de l'illustration, cheveux roux et visage étrangement juvénile, c'était lui, à côté de Myra! Myra... Il ne retrouvait pas les noms des autres, mais comment avait-il pu oublier celui de Myra? De vagues sensations, des images de joie passée lui revinrent. Les détails et le reste de son passé continuaient pourtant à lui échapper, occultés par sa rengaine incessante, maintenant renforcée par un renouveau de haine envers le maître. Un coup de hampe dans les côtes le fit sortir de ses pensées en sursaut.
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