lundi 17 juin 2019

épisode 153 : Le Bac




Lundi matin, 7h30, du soleil et je suis déjà debout. C'est la première fois de l'année que je suis dehors dès le potron-jacquet. La raison est toute simple, c'est le bac! Je ne sais pas ce qu'il en est ailleurs, à dire vrai je ne sais même pas ce qu'il en est dans le reste du lycée, mais dans ma salle et son petit bout de couloir adjacent, pas d'influence de la grève des enseignants.  Ceci dit, les élèves sont plutôt détendus, normal ce sont des élèves de filière scientifique abordant une épreuve littéraire à la manière d'un Federer abordant le tournoi de Halle. Preuve en sont les questions "Épreuve c'est quoi déjà? Attends, je regarde comment tu as écrit philosophie... y a pas de f ? Et baccalauréat, y a deux c ?"
Au menu donc de cette matinée, philosophie pour la filière scientifique. Au choix:

La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain?

Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté?

Ou une petite explication d'un texte de Freud de 1927:

La science a beaucoup d'ennemis déclarés, et encore plus d'ennemis cachés, parmi ceux qui ne peuvent lui pardonner d'avoir ôté à la foi religieuse sa force et de menacer cette foi d'une ruine totale. On lui reproche de nous avoir appris bien peu et d'avoir laissé dans l'obscurité incomparablement davantage. Mais on oublie, en parlant ainsi, l'extrême jeunesse de la science, la difficulté de ses débuts, et l'infinie brièveté du laps de temps écoulé depuis que l'intellect humain est assez fort pour affronter les tâches qu'elle lui propose. Ne commettons-nous pas, tous tant que nous sommes, la faute de prendre pour base de nos jugements des laps de temps trop courts ? Nous devrions suivre l'exemple des géologues. On se plaint de l'incertitude de la science, on l'accuse de promulguer aujourd'hui une loi que la génération suivante reconnaît pour une erreur et remplace par une loi nouvelle qui n'aura pas plus longtemps cours. Mais ces accusations sont injustes et en partie fausses. La transformation des opinions scientifiques est évolution, progrès, et non démolition. Une loi, que l'on avait d'abord tenue pour universellement valable, se révèle comme n'étant qu'un cas particulier d'une loi (ou d'une légalité) plus générale encore, ou bien l'on voit que son domaine est borné par une autre loi, que l'on ne découvre que plus tard ; une approximation en gros de la vérité est remplacée par une autre, plus soigneusement adaptée à la réalité, approximation qui devra attendre d'être perfectionnée à son tour. Dans divers domaines, nous n'avons pas encore dépassé la phase de l'investigation, phase où l'on essaie diverses hypothèses qu'on est bientôt contraint, en tant qu'inadéquates, de rejeter. Mais dans d'autres nous avons déjà un noyau de connaissances assurées et presque immuables.

Les trois sujets me tentent bien. Bon le premier un peu moins que les autres: il est très intéressant, permet facilement de parler de différents peuples, de différentes cultures que nombres de choses semblent opposer mais qui se complètent ou peuvent se retrouver sur des sujets transcendants. Ceci dit, des exemples comme des religions répandues (imposées) à travers le monde ont dépassé des cultures; de grands événements culturels ou historiques réunissent aussi au delà des cultures.
En tous cas, le second sujet fait écho à mon article précédent et à nombre de choses qu'on voit passer sur le net. Pour vivre en société sans s'anéantir mutuellement on a forcément besoin de règles et de devoirs qui semblent restreindre nos libertés. Mais bon, les libertés de chacun ne s'arrêtent-elles pas où commencent celles des autres?

Tiens, au point où j'en suis, il est actuellement 9h20 (oui, j'ai publié cet article plus tard, ne sachant pas trop quelle est la restriction niveau fuite des sujets pendant les épreuves), et de nombreux candidats autour de moi ont déjà noirci des pages et des pages de... brouillon... d'une écriture aussi propre que s'il s'agit de la copie. De mémoire, j'ai toujours uniquement mis au brouillon un squelette de travail, avec les grands axes, quelques points cruciaux et tout le reste venait directement sur la copie, à la fois dans l'optique de ne pas perdre de temps et parce que je déteste écrire deux fois la même chose (je vous parle même pas du dernier bug de blogger qui m'a fait réérire un article de deux heures...).

Quoi qu'il en soit, revenons-en au texte, que je trouve totalement d'actualité aujourd'hui, presque cent ans après son écriture. Cent ans, qu'est-ce donc? Oui, la science a progressé depuis; la preuve, j'écris cet article sur une machine de précision dont la puissance aurait fait fantasmer les ingénieurs il y a seulement quelques dizaines d'années. Et si la science semble opaque avec ses termes quantiques repris par les plus grands charlatans pseudo scientifiques pour vendre des bouts de quartz ou des thèmes astraux guérissant les cancers du colon, c'est parce qu'elle explique de plus en plus de choses et commence alors à poser des questions sur des concepts qui n'existaient même pas jusqu'ici. Mais la science continue de progresser et de se poser des questions, et l'obscurantisme continue d'exister aussi, et pas uniquement religieux. Quoique... Quand une croyance est suffisamment ancrée pour que toute démonstration scientifique ne fasse que tomber dans le vide, on n'est pas si loin d'une croyance religieuse envers toutes ces pseudo sciences. Je trouve cet extrait vraiment intéressant; bon c'est pas ce que j'aurai choisi, j'ai toujours eu du mal à faire des commentaires de textes. Surtout que celui-ci me semble très clair, j'ai pas du tout envie d'y rajouter quoi que ce soit.

Ah, il est 10h, la première copie est rendue, prenant comme exemple Huxley et le black métal, je ne peux que plussoyer. J'espère que tous les candidats et toutes les candidates auront passé un moment sympa et surtout couronné de succès.

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